LE must

Les plaisirs de la table en Martinique

Surnommée l’île aux fleurs, la Martinique joue sur le métissage de sa cuisine aux origines françaises, indiennes et créoles pour nous retenir par le ventre… et le cœur. Un périple gourmand et de belles rencontres.

| Texte et photos: Anne Marie Parent

Venu nous chercher à l’aéroport de Fort-de-France, notre chauffeur-guide, Michel Labeau, nous conduit à Saint-Pierre, bien située pour faire du tourisme dans le nord de la Martinique. Fier de son île, Michel en connaît les moindres recoins et particularités. Il sort à la volée les noms de fleurs, de fruits, d’oiseaux, d’arbres, de mets, de lieux et d’anses de sa mémoire-besace bien remplie. Le trajet vers Saint-Pierre, notre première destination, donne le ton au voyage.

«Ici vous avez une des plus belles vues sur la montagne Pelée, un volcan qui tué tous les habitants de Saint-Pierre en 1902, 30 000 personnes, sauf un prisonnier retrouvé dans sa geôle, au dos brûlé, mais vivant», déclare-t-il, peu avant d’arriver dans cette ville maintenant très tranquille, où nous couchons à la Villa Saint-Pierre les deux premiers soirs.

Un périple gourmand et de belles rencontres

Originaire du sud de la France, le couple André et Maryse Givogre a ouvert en 2008 ce sympathique petit hôtel de neuf chambres où on se sent en famille. Monsieur a tôt fait d’apprendre à cuisiner à la créole et notre premier souper en Martinique est délicieux : acras de morue, féroz d’avocat, crabe farci, patate douce au lait de coco, fricassée de poulet macéré au citron vert et au piment végétarien… J’aime cette dernière dénomination, qui décrit un piment doux et non piquant! On peut aller manger à la Villa Saint-Pierre sans loger à l’hôtel. www.hotel-villastpierre.fr

Au restaurant La Chaudière (récipient dans lequel on écrase le manioc), au Morne Rouge, Yanic et Gérard Malidor nous font visiter leur immense jardin tropical où ils cultivent des plantes et arbres pour leurs fonctions décorative, culinaire, aromatique et médicinale. Puis on se régale à la table du restaurant. Tout est bon et frais, et servi avec sourires et gentillesse. www.antillesresto.com/restaurant/chaudiere

Parmi les autres rencontres mémorables, Léon Tisgra, surnommé Tonton Léon, ne donne pas sa place. Cet agriculteur biologique a créé des gîtes touristiques au Hameau du Morne des Cadets, à Fonds-Saint-Denis. À la terrasse de son restaurant à la vue prenante sur la montagne Pelée, il sert un ti-punch à l’érable, qu’il a baptisé érablos, évoquant ses liens d’amitié entre le Québec et la Martinique. www.tonton-leon.com

Autre personnage, le chef en short, Guy Ferdinand, possède deux restaurants dont les noms reflètent son penchant pour Astérix : Petibonum, au Carbet, où nous avons soupé les deux pieds dans le sable, et Babaorum, à Fort-de-France. Il cuisine devant nous un tartare de poisson, des écrevisses, langoustines bleues et autres fruits de mer frais et savoureux, pendant qu’on sirote un délicieux rhum planteur ou un ti-punch. Sa spécialité? «La bonne humeur!» lance-t-il. Et celle-ci est contagieuse… www.babaorum.net

Aux Trois-Îlets, Gilles et Anna Duplan et leur ami Pierre Segaud ont ouvert le restaurant Zandoli et l’hôtel de charme 5 étoiles La Suite Villa. L’établissement aux allures d’une galerie d’art est composé d’une habitation abritant six charmantes suites aux noms de bonbons, un bar, le restaurant gastronomique Zandoli avec une terrasse et une piscine à débordement, en plus de neuf villas de luxe. www.la-suite-villa.com

Également aux Trois-Îlets, Gilbert Larose, maçon de profession, a créé de toutes pièces la Savane des Esclaves, afin de perpétuer la mémoire de ses ancêtres. Ce petit village de cases (maisonnettes) reproduit le mode de vie des esclaves. Gilbert décrit les outils de travail d’autrefois et fait ensuite le tour des plantes de son terrain en expliquant leur utilité alimentaire ou médicinale. Coiffé de son chapeau de feuilles tressées, Gilbert Larose termine la visite des lieux en nous montrant comment on écrase le manioc pour faire de la farine. Puis, il nous fait goûter aux cassaves, des galettes à base de cette farine, garnies d’ingrédients sucrés ou salés au goût: morue, confiture de fruits, miel… Le tout avec un sourire et un accent qui vous chavirent le cœur! lasavanedesesclaves.fr

 

À Fort-de-France, la visite du Grand Marché ou Marché aux épices (tous les jours de 6 h à 15 h) se fait dans un tourbillon de couleurs et de saveurs. Et de rires aussi, à la vue des écorces de l’arbre Richeria grandis, communément appelé «bois bandé», qui aurait des effets aphrodisiaques! On prend le temps d’aller manger «Chez Carole», un minuscule restaurant où la cuisine locale de Carole Michel est savoureuse… tout comme son sourire et sa gentillesse!

La Martinique, c’est tout ça, mais aussi sa nature sauvage et ses plages!

Tourisme en Martinique

  • Comité martiniquais du tourisme, bureau à Montréal: 514 844-8566, information@lamartinique.ca, www.lamartinique.ca
  • Transport: location de voiture recommandée, sinon prendre un taxi avec un chauffeur-guide comme Michel Labeau. C’est une bonne manière de découvrir les lieux durant au moins une ou deux journées avec un guide local. mike.labeau@wanadoo.fr