LE must

Pour en finir avec
le (sur) emballage

Tous nos aliments se trouvent empaquetés dans des barquettes de polystyrène, boîtes de cartons, boîtes et pellicule plastique. Déjà emballé, on nous propose de mettre le produit acheté dans un sac. Et si c’était trop d’emballage pour rien? | Par Charline-Ève Pilon

La question de l’emballage des aliments est souvent remise en question. D’un côté, l’industrie, qui l’utilise pour la protection de l’aliment, sa conservation et son transport. De l’autre côté, des consommateurs qui se préoccupent de leurs impacts sur l’environnement. Comment concilier coûts, sécurité alimentaire et écologie?

Les emballages sur le marché ont grandement évolué ces dernières années. Tout ce qui est en verre a été graduellement remplacé par d’autres matériaux, notamment les poches en plastique et le Tetra Pak. Des matières qui, pour la plupart, se mettent dans le bac de récupération une fois utilisées. Le hic, c’est que maintenant, près de la moitié du bac de recyclage est constituée d’emballages divers, selon Recyc-Québec, ce qui représente en moyenne 40 kilos par personne par année.

Protection et qualité

L’emballage n’est pas à négliger dans le domaine alimentaire. Il joue plusieurs rôles, à commencer par la protection du produit, tant au niveau de la qualité, de la salubrité que de la longévité, comme l’explique Sophie Perreault, présidente-directrice générale à l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes (AQDFL).

« Dans le cas des fruits et légumes, ce sont des produits vivants et fragiles. Lorsqu’ils sont en vrac, ils sont plus touchés, ce qui peut altérer la qualité. Aussi, le produit peut voyager beaucoup. Dans le camion, dans l’entrepôt, au niveau des commis, du consommateur… L’emballage permet de le protéger et d’éviter trop de manipulations.»

Toutefois, à trop vouloir emballer et protéger un aliment, on finit par se retrouver, par exemple, avec des bananes dans un contenant en styromousse, emballées dans de la pellicule plastique. Un suremballage qui n’a rien de très écologique et qui représente des coûts, finalement épongés par les consommateurs. « Les limes emballées coûtent plus cher que les limes en vrac. Si le consommateur faisait l’exercice comptable, il ferait un choix plus écologique. Dans le fond ce qu’on veut, c’est que le consommateur ait un produit de qualité, qui vive le plus longtemps possible, qu’il soit salubre et bien protégé. Et avec toutes les informations nécessaires. »

D’ailleurs, ce souhait d’avoir accès à des produits emballés vient des consommateurs qui les préfèrent au vrac. Et comme ils ont le dernier mot, l’industrie souhaite répondre à leur demande. « Le consommateur veut des mini-formats, collations, du prêt-à-manger dont il trouve l’emballage bien pratique dans son auto, son sac à main ou son sac de gym. Il veut la recette sur l’emballage pour que ça aille plus vite. Il s’intéresse beaucoup aux valeurs nutritives de l’aliment. Et au prix aussi. Je pense que c’est une question de rapidité.»

Préoccupations de la part de l’industrie

Même si pour le moment l’emballage parfait n’existe pas, il semble y avoir une volonté de bien faire les choses du côté de l’industrie, et ce, avec les moyens dont elle dispose.

« Les distributeurs et emballeurs essaient d’utiliser la meilleure technologie possible. Il y a une prise de conscience et même les grandes chaînes exigent de plus en plus des emballages recyclables et éventuellement compostables. Par contre, il faut des subventions pour soutenir l’innovation et le développement de nouveaux produits. Le producteur de pommes ou de fraises n’a pas nécessairement les moyens de financer de telles recherches.»

Selon une étude sur l’approvisionnement responsable sortie en 2013 réalisée par le Conseil québécois de l’horticulture, les grands acheteurs que sont les fruiteries, les grandes chaînes et les entreprises de distribution ont répondu, dans une proportion de 48%, que leur premier critère d’approvisionnement responsable pour le choix de leurs produits était le type d’emballage, (emballage minimal, recyclé) qu’ils considéraient comme étant un avantage compétitif.

« On voit que ça peut devenir un avantage que d’avoir un emballage minimaliste, plus écologiste. Je pense que ça peut faire la différence. Les entreprises ont avantage à trouver des solutions. Sinon elles vont se faire déclasser par ceux qui vont proposer des emballages écologiques. »

Des trucs pour diminuer ses emballages

  • Optez pour des produits peu emballés ou en vrac.
  • Évitez de mettre vos fruits et légumes dans les petits sacs de plastique transparents mis à la disposition.
  • Apportez vos sacs de tissu et vos sacs de plastique ayant déjà servi.
  • Si vous  n’avez pas le choix de prendre un produit contenu dans une barquette de polystyrène, conservez-les. Plusieurs supermarchés sont ouverts à les reprendre.
  • De plus en plus de magasins vendent leurs aliments en vrac. Allez-y et apportez vos propres contenants recyclables.

L’histoire de la petite barquette en styromousse

La barquette de polystyrène a différents usages, notamment pour y mettre la viande ou des fruits. Le polystyrène expansé (numéro 6) n’est pas recyclable au Québec. Enfoui, il restera 1 000 ans avant de disparaître complètement. Pourquoi l’utilise-t-on si fréquemment? Parce que  son poids est très léger (composé à 98% d’air et 2% de matière plastique). Depuis plus de dix ans maintenant, les entreprises mettant en marché des emballages et contenants sont responsables de la totalité des coûts des programmes municipaux de collecte sélective. Et comme leur participation se calcule au poids d’emballage, cela explique que plusieurs se tournent vers ce qu’il existe de plus léger.