LE must

Vins bio : Au-delà des bonnes intentions

Photo: John Murzaku

On ne peut pas être contre la vertu. Difficile alors d’émettre des réserves sur les vins dits « bio ». Mais il faut savoir que ce n’est pas parce que c’est « bio » que c’est « bon », ni que c’est… 100 % bio ! | Par Alain Lebel, Journaliste / chroniqueur-vin, www.fidelesdebacchus.com

Existe-t-il à proprement parler des vins « entièrement » bio ? La réglementation menant à la certification des vins bio ne s’appliquant qu’à la partie culture du raisin et non à la vinification, la réponse à cette question est  non. Conséquemment, lorsqu’on évoque un vin dit « bio », on fait plutôt référence à un vin fabriqué à partir de raisins produits en agriculture biologique. C’est une importante nuance, car théoriquement, rien n’empêche un vigneron qui n’aurait pas eu une bonne récolte d’ajouter des additifs chimiques lors de la vinification afin de tenter de compenser les lacunes de ses raisins. Et le malheur, c’est que s’il le faisait, il pourrait toujours présenter ses produits comme des vins dits « bio ».

Toutefois, en pratique, il peut paraître difficile d’imaginer qu’un vigneron, après avoir mis autant d’efforts, de temps et d’argent pour s’adapter à ce mode de culture exigeant, ruinerait tous ses efforts en intervenant chimiquement, ou avec des additifs non bio, lors de la vinification. C’est en effet peu probable. Mais ce qui est dommage, c’est que la réglementation actuelle ouvre la porte à ce genre de tromperie. Mettez-vous à la place d’un vigneron qui, à cause des humeurs de Dame Nature, fait face à une mauvaise récolte. Doit-il sacrifier sa récolte, fruit de toute une année d’effort ? Doit-il suivre les règles et produire quand même son vin avec des raisins de moindre qualité qui donneront un vin quelconque ?

Pour des questions de principe et d’honnêteté, probablement que la plupart des vignerons engagés dans la culture biologique choisiront de faire de leur mieux avec la matière première qu’ils auront à leur disposition, peu importe les déficiences du raisin et les caprices du millésime. Ce qui explique que ce n’est pas parce qu’un vin est dit « bio » qu’il est nécessairement bon. D’autres, moins scrupuleux, tenteront peut-être de sauver la mise en intervenant d’une façon moins naturelle lors de la vinification afin d’équilibrer le vin, de masquer des défauts ou des arômes. Le vin sera alors peut-être satisfaisant, mais il ne sera certainement pas « bio » même s’il vous a été vendu comme tel.

La viticulture biologique vs conventionnelle
La certification biologique commande une culture qui utilise uniquement des produits sans molécule chimique de synthèse, tout en privilégiant la prévention des maladies de la vigne en utilisant le cuivre, le soufre, les insecticides d’origine végétale et les bacilles.

Des vignerons éco-responsables
Afin de mener à bien une culture axée sur la protection de l’environnement, que ce soit la viticulture biologique, la viticulture biodynamique ou tout simplement la viticulture raisonnée, il faut avoir une connaissance poussée des vignes. Seuls des vignerons professionnels et expérimentés, capables d’observer une vigne et de déterminer ses besoins, peuvent produire un vin de qualité tout en respectant la règlementation. Ceci étant dit, nombre de vignerons choisissent de ne pas adhérer à la certification, ce qui ne les empêche pas pour autant de pratiquer une viticulture saine.

Chose certaine, pour adhérer à ce type de viticulture, particulièrement au Québec, avec tous les risques et coûts associés à ce choix, seuls les vignerons ayant développé une passion peu commune de la protection de la nature et de la biodiversité choisissent ce type de viticulture.

Au Québec, on trouve deux principaux vignobles qui sont certifiés biologiques et offrent un choix de vins tout à fait recommandables. Il s’agit du Vignoble des Négondos situé à Saint-Benoit de Mirabel et du Vignoble Les Pervenches à Farnham dans les Cantons-de-l’Est. Fait à souligner, les vins bio qu’ils proposent ne sont essentiellement en vente qu’aux vignobles.

 

La viticulture biodynamique, pratiquée surtout en Europe, est encore plus exigeante que la viticulture biologique. En plus de devoir se conformer à tous les principes de la viticulture biologique, la viticulture biodynamique vise l’amélioration du sol et de la plante par des préparations fabriquées à partir de matières végétales, animales et minérales, ainsi que par l’application de ces préparations à des moments précis en fonction des cycles de végétation de la vigne et en rapport avec le calendrier lunaire et planétaire.