LE must

Dans l’intimité de ces artisans de plaisirs

Pour ouvrir l’appétit sous la couette et dans l’assiette, nous sommes allés à la rencontre des sens. En entrevue, deux couples qui partagent travail et passion. Ils nous parlent de leur complicité à travers un sens qui les caractérise.

Laurent Godbout et Véronique Deneault du restaurant L’Épicier  

Laurent et Véronique font partie de ces couples qui n’ont pas besoin de se tenir la main pour deviner qu’ils sont amoureux. Quand ils se regardent, tout est là; la tendresse, l’admiration, le plaisir… le goût de l’autre.

Comment vous êtes-vous rencontrés?
« On s’est rencontrés au travail, ici, au restaurant L’épicier. Par la force des choses, Véronique est devenue mon assistante. » Prudents dans leur approche, ils ont passé un bon moment à s’apprivoiser, à se regarder du coin de l’œil puis à avoir envie d’être prêts l’un de l’autre.

Quels sont les avantages et les difficultés de travailler avec son partenaire?
Laurent répond le premier : « pour nous, c’est simple, je dois avouer qu’on a la même vision des choses. On est toujours ensemble, mais on a l’impression de ne jamais se voir. On ne se lasse pas d’être tous les deux. »

Véronique poursuit : « C’est peut-être parce que nous connaissons nos forces que tout va bien. Laurent me demande mon opinion, des conseils et tout, mais c’est quand même lui qui a le dernier mot. Alors, de mon côté, je le consulte, je ne fais pas comme si l’entreprise m’appartenait. Parfois, j’ai le sentiment que nous faisons de la télépathie, je parle de quelque chose et il me dit, j’y pensais justement… » Laurent sourit.

Ils travaillent de plus en plus la création de menus ensemble, autant pour les menus de L’épicier, pour un mariage ou pour les menus du Must. Laurent est très masculin dans ses choix et Véronique très féminine et santé. « Par exemple, dans la préparation d’un risotto cette semaine, Laurent voulait ajouter de la crème et j’ai insisté pour mettre du bouillon de poulet. Finalement, la recette était délicieuse. Il pensait même la mettre au menu de L’épicier. On est un bon duo de créateurs! »

Qu’est-ce que tu cuisines pour faire plaisir à Véronique?
« Un risotto… ou des calmars, mais des calmars grillés. Des couteaux de mer à la plancha. Des parfums francs et simples. » Véronique, pour sa part, cuisine beaucoup à la maison. « Ce n’est pas compliqué de faire plaisir à Laurent, il aime tout! Des recettes simples, une pizza grillée au BBQ, par exemple, ça fait son bonheur. »

Est-ce qu’il y a un goût ou un plat que vous trouvez sexy?
Véronique a tout de suite une idée : la truffe! « Moi, je trouve que la truffe goûte l’amour! » Laurent nuance : « Je ne peux pas dire qu’il y a un plat en particulier, il y a des moments à créer autour d’un plat. C’est un état d’être. Je peux cuisiner un plat sexy pour des clients, mais c’est eux qui vont créer l’atmosphère autour de ce que je fais. Il faut une seule chose, de l’amour! »

Pour un repas en amoureux…
« Nous, on aime les choses simples de la vie, donc simplicité et saveur sont les mots-clés. Lorsque Véronique dit qu’une pizza me fait plaisir, c’est vrai! On s’émerveille encore sur une pizza grillée au BBQ avec de la vraie mozzarella Buffalo, des feuilles de basilic et un bon verre de vin. Être ensemble, c’est déjà un bon début! »

 

Philippe et Etnée de Vienne, chasseurs d’épices

Etnée et Philippe de Vienne se passionnent pour les arômes. Ils sont devenus chasseurs d’épices pour offrir les trésors du monde aux Québécois. Une rencontre qui sentait bon la muscade, l’origan et qui donne envie de faire un premier pas sur le chemin des épices des mille et une nuits.

 Comment vous êtes-vous rencontrés?
« Ça m’a coûté 2 buffles… », répond Philippe à la blague. En fait, c’est tout simple, une mère travaille avec un jeune étudiant curieux, elle le trouve sympathique, le présente à sa fille et voilà!

Quels sont les avantages et les difficultés de travailler avec son partenaire?
« On nous dit souvent : vous êtes une entreprise à deux têtes. C’est vrai! Et deux têtes valent mieux qu’une. C’est une synergie. » Selon Philippe, le grand avantage de travailler à deux, c’est de toujours sentir quelqu’un derrière soi et pas n’importe qui!

Qu’est-ce qui vous a menés aux épices?
Leur première escale : le traiteur. Philippe voulait de la cuisine bien faite avec des aliments frais et une cuisson à la minute. Etnée a apporté ce qui manquait aux traiteurs de l’époque : l’atmosphère. « La vraie restauration, on l’a amenée au traiteur et toi, Etnée, tu as amené le plaisir d’être dans une réception, comme dans un bon restaurant. »

Ils se sont inspirés des gens qu’ils avaient visités pour créer une façon de faire qui n’était pas européenne, le monde les inspirait. « Ensuite, pour avoir accès aux épices, nous n’avions pas d’autre choix que de devenir les chasseurs d’épices que nous sommes! »

Qui cuisine à la maison?
Pour Philippe, cuisiner est un besoin. « C’est comme ça que je relaxe. Etnée cuisine très bien, mais elle préfère abuser de moi! Par contre, nous travaillons toujours nos nouvelles idées ensemble dans la cuisine. »

 Est-ce qu’il y a un plat que vous faites pour faire plaisir à l’autre?
La question les fait sourire. « Ça n’a pas changé depuis 38 ans… si je fais du canard, tout va bien! » D’ailleurs, c’est la recette de leur premier rendez-vous. « Elle m’avait demandé si je savais faire le canard à l’orange. Je lui ai répondu que c’était ma spécialité. Quand l’enjeu est grand, on range la modestie dans le placard! »

Depuis que les enfants ont quitté le nid, le repas du midi est devenu plus important. Ce qu’ils aiment, c’est la communauté qu’ils ont initiée avec leur personnel. À chacun son tour de cuisiner pour tout le monde. Partager leur table, c’est tracer un trait d’union entre les gens. « La fin de semaine, on reçoit avec 12 ou 15 plats à l’asiatique. On s’amuse! Nos amis deviennent nos cobayes. »

Et l’odorat dans un repas d’amoureux?
« Lorsque l’on sent une épice, un plat ou un vin, l’odorat devient la mémoire des impressions. Un sommelier ou un marchand d’épices peut y mettre du vocabulaire. Sinon, la mémoire olfactive fait dire : j’aime ça, il me semble que ça irait bien avec… C’est le point de départ d’une multitude d’expériences. Le plaisir, c’est de sentir et de l’apprécier. »

« Il faut commencer par fermer les yeux! Ensuite, on se laisse aller. Pour vraiment exploser au niveau des parfums, les mélanges du Moyen-Orient, comme les épices des mille et une nuits et le mélange de la route de la soie, sont exceptionnels! »