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Les superaliments : mythe ou réalité ?

Photo: Virginie Gosselin

Les superaliments ont la cote. Ils inondent les fils d’actualité des médias sociaux – que ce soit en garnitures sur les smoothies, pour agrémenter les bols nourrissants ou bien encore ornementant les salades ; on les retrouve littéralement partout. Ces aliments tant convoités en raison de leurs « pouvoirs » dits supérieurs aux aliments plus traditionnels en valent-ils réellement le coup ? Alors que plusieurs personnes ne jurent que par ceux-ci, faisons la lumière sur ce sujet chaud. | Par Hubert Cormier, nutritionniste

Tout comme dans l’univers des vêtements, l’alimentation s’accompagne de modes. Les consommateurs étant constamment à la recherche des produits aux auras santé, les superaliments comblent ce créneau à merveille. Depuis plusieurs années, ils se succèdent les uns les autres : graines de chia, chanvre, sirop d’agave, baies de goji, chou kale, spiruline, curcuma pour ne nommer que ceux-là. Mais que sait-on au juste sur leurs pseudo-bénéfices?

Quels sont leurs effets sur la santé?
Parfois, si l’on se fie uniquement aux faits rapportés par les différents médias (journaux, télévision, radio, blogues etc.), les études semblent très nombreuses et irréprochables. Prenons le curcuma qui, par exemple, est au cœur de milliers d’études scientifiques. À lui seul, ce nombre frappant nous incite à croire que cette épice a sans aucun doute des bienfaits hors du commun.

Toutefois, beaucoup d’études ont exploré les composés à très fortes doses dans des conditions in vitro, c’est-à-dire en dehors de l’organisme, études souvent réalisées en éprouvettes. Bien que ces expériences puissent s’avérer concluantes pour certains chercheurs, les quantités étudiées ne se rapprochent pas de notre réalité, loin de là. La transposition de ces résultats à l’homme n’a pas de quoi vous inciter à sortir votre portefeuille. Même si le curcuma ne procure pas tous les mérites qu’on lui attribue parfois à tort, rien ne vous empêche d’en intégrer à vos plats pour la saveur et la couleur que cette épice ajoute.

Fonctionnent-ils réellement?
Ce fait est indéniable : la science a prouvé qu’une alimentation riche en fruits et légumes peut réduire le risque de développer certains cancers. Par contre, il n’existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour affirmer que la consommation de graines de chia, de curcuma ou encore de baies de goji contribuerait significativement à l’obtention d’une meilleure santé. Ces aliments apportent leur lot de nutriments, mais ils ne sont pas plus miraculeux que tout le reste. Après tout, les baies de goji sont des fruits séchés au même titre que les raisins secs.

Bombardés d’information
À cette ère où l’information abonde de partout, il faut faire preuve de sens critique lorsque nous sommes exposés à des informations nutritionnelles qui influenceront potentiellement nos choix alimentaires. Il ne faut pas compter sur deux ou trois superaliments pour nous garder en santé. Par exemple, si vous buvez tous les matins un grand verre de smoothie vert à base de chou Kale et que vous mangez de la malbouffe lors des repas suivants, le chou kale aura très peu d’impact sur votre santé, mise à part sa contribution à votre apport quotidien en légumes. Par contre, la consommation de superaliments peut vous sensibiliser à manger santé, vous motiver à changer quelques mauvaises habitudes et vous inciter à augmenter votre consommation de fruits et légumes.

La santé de votre portefeuille
Les sommes dépensées pour retrouver des superaliments dans nos assiettes sont parfois astronomiques. Par exemple, la baie de goji coûte environ 45$/kilogramme. Ce fruit n’a rien à envier aux petits fruits d’ici. En effet, ceux-ci s’accompagnent également de leur lot de nutriments : le bleuet est bourré d’antioxydants, la fraise renferme de la vitamine C et les framboises sont notamment reconnues pour leur apport considérable en fibres. Gardez en tête qu’il ne faut pas manger les aliments pour leur nutriment de prédominance. L’ensemble des éléments nutritifs qu’ils contiennent contribuera à votre état de santé globale. On parle alors de densité nutritionnelle. Voilà pourquoi les aliments doivent être considérés comme un tout, sans isoler leurs nutriments.

Trop, c’est comme pas assez
La société contemporaine nous incite constamment à découvrir des nouveautés en matière de nourriture. À la recherche des aliments les plus gourmands, les plus équitables, les plus nutritifs, biologiques, etc., on peut vite s’y perdre. Sans omettre la confusion qu’entraîne l’abondance d’informations nutritionnelles issues de sources parfois douteuses.

Or, une saine alimentation repose sur des principes à la fois simples et fondamentaux. Mangez beaucoup de fruits et légumes, misez sur les grains entiers, intégrez le poisson ou d’autres sources de protéines maigres à chaque repas, consommez des produits laitiers et privilégiez les aliments peu transformés. Évidemment, pour certains, cette recette paraitra simpliste et bien moins alléchante que les miracles que promettent les superaliments hors de prix.

En conclusion, misez sur l’équilibre et la variété dans votre assiette. Consommez les aliments pour le plaisir gustatif qu’ils procurent et non pas uniquement pour leur valeur nutritive.