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L’économie circulaire : un pied de nez au gaspillage alimentaire

Économie circulaire

Notre alimentation est au coeur de différents enjeux environnementaux. La population mondiale ne cesse de s’accroître et l’alimentation durable s’impose comme un défi collectif à relever. Entre autres solutions se retrouve l’économie circulaire. | Par Annie Turcotte

L’économie circulaire est un système de production, d’échange et de consommation qui vise à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service. Dans cette logique circulaire, on cherche à réduire l’empreinte environnementale tout en contribuant au bien-être des gens. Et dans le secteur de l’alimentation, cette forme d’économie verte permet notamment d’enrayer le gaspillage de nourriture.

La situation est plus critique que jamais puisque les statistiques révèlent que notre alimentation génèrerait 30 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales et que le tiers de la production alimentaire serait gaspillée. Mais heureusement, dans la vie comme en affaires, il existe des pionniers, des gens inspirants qui ont la terre à coeur et qui un jour se sont retroussés les manches pour changer les choses. Voici quelques exemples de systèmes alimentaires durables bien de chez nous.

Les jus LOOP : le succès des imparfaits
Récemment, en faisant l’épicerie, je suis tombée sur une dégustation de jus LOOP. Non seulement j’ai aimé le produit, mais je me suis intéressée à l’histoire que le sympathique représentant m’a racontée. En résumé, l’entreprise récupère les fruits et légumes mis de côté par l’industrie alimentaire pour les transformer en délicieux jus pressés à froid. L’idée derrière LOOP est de sauver les fruits et légumes rejetés entre le champ et le supermarché, donc à l’étape de la distribution. Il s’agit en réalité de végétaux parfaitement… imparfaits. Les produits de cette entreprise sont maintenant plus accessibles que jamais puisque IGA vient tout juste de s’y associer pour offrir les surplus de ses fruits et légumes et ainsi permettre la création de trois smoothies protéinés. En plus, pour chaque smoothie vendu, le marchand remettra 0,25 $ à la Fondation David Suzuki.

Pour bien boucler la boucle, après avoir pressé à froid ses jus, LOOP donne la pulpe encore très nutritive à une entreprise qui, à son tour, la transforme en gâteries pour chiens.

En réalité, ces fruits et légumes sont seulement parfaitement mûrs.

Blanc de gris : rien ne se perd, tout se transforme
L’entreprise Blanc de gris se spécialise quant à elle dans la production et la vente de pleurotes frais destinés aux restaurateurs, aux marchés de fruits et légumes et aux traiteurs montréalais.

Les deux femmes à la tête de cette entreprise, Dominique Lynch-Gauthier et Lysiane Roy-Maheu, sont des passionnées de champignons qui ont découvert que le café, riche en nutriments, était fort utile à la croissance de leurs pleurotes. Comme substrat de culture, cette champignonnière urbaine utilise donc des résidus organiques générés par différents commerces locaux. On parle notamment du marc de café de leurs restaurateurs clients et de drêches de brasseries. « Le camion qui livre nos champignons frais aux clients ramasse le marc de café au retour », explique Lysiane.

Blanc de gris

La Transformerie : un projet vert en démarrage
Pour sa part, l’organisme à but non lucratif La Transformerie est une initiative d’économie circulaire collectant les invendus alimentaires des commerces de détail. En gros, les fruits et légumes habituellement jetés par les épiciers seront transformés en délicieuses conserves. Par la suite, la revente de ces tartinades sucrées et salées sera faite par les commerçants participants. Les autres invendus des épiceries et fruiteries partenaires seront quant à eux redistribués à des organismes de sécurité alimentaire afin de soulager la pauvreté.

Les instigateurs de ce beau projet sont Guillaume Cantin et Thibault Renouf. Ceux-ci se sont rencontrés lorsque l’un était chef au restaurant les 400 coups et que l’autre proposait des produits locaux aux chefs de la métropole. C’est à l’automne 2016, autour d’un café, que Thibault a lancé le défi à Guillaume de cuisiner un souper gastronomique à partir de produits récupérés dans les poubelles d’épiceries. Surpris par la quantité, mais surtout par la qualité des aliments trouvés, ils n’ont pu rester insensibles face à cette problématique. De là est née La Transformerie.

Le chef Cantin, qui jusqu’ici concocte ses prototypes dans sa propre cuisine, espère que l’organisme saura trouver les moyens financiers pour s’installer dans un local de Rosemont-La Petite-Patrie dès janvier 2019 et ainsi commencer la commercialisation de ses produits. « Même si lors des tests de goûts certains avaient des réticences face à nos recettes qui proviennent d’aliments destinés aux poubelles, on a pu lire sur leur visage qu’ils aimaient ce qu’ils goûtaient. En réalité, ces fruits et légumes sont seulement parfaitement mûrs. Et à toutes les étapes de préparation, on respecte les règlements du MAPAQ », révèle le chef qui cuisine entre autres de l’humus de brocoli sans pois chiches et du caramel de bananes sans lait. « Pour nous, il s’agit-là d’une réelle solution au gaspillage alimentaire. »