Pour certains, adopter un mode de vie sain et s’entraîner comme un athlète peut sembler une montagne. Catherine Naulleau, nutritionniste sportive et de performance pour le Comité olympique canadien, croit qu’il suffit d’être attentif à ce que l’on mange pour maintenir une santé optimale et carburer tout au long de la journée. Incursion dans les coulisses d’une alimentation de haut niveau. | Par Charline-Ève Pilon
Catherine Naulleau travaille auprès d’athlètes canadiens depuis plus de dix ans. Son rôle auprès du Comité Olympique est d’offrir un support nutritionnel aux athlètes et aux entraineurs et de préparer l’aspect nutritionnel. Ainsi, elle agit sur différents niveaux de performance, notamment l’aspect médical en travaillant de près avec les médecins de l’équipe de mission. Elle s’occupe aussi de la logistique pour les salons des athlètes et du personnel et prépare le cargo en conséquence.
« Je dois connaitre la cafétéria des Jeux, le menu et l’alimentation aux sites de compétitions, précise-t-elle. Il faut commencer deux ans à l’avance, prendre contact avec les différents sports et nutritionnistes qui travaillent avec les athlètes et connaitre leurs besoins. Plusieurs athlètes ont des allergies graves, il faut le savoir à l’avance. »
Côtoyer les hautes sphères de l’entraînement
Dans le cadre de son travail, Mme Naulleau planifie la nutrition des athlètes qu’elle suit en fonction du sport qu’ils pratiquent, les moments de l’entrainement et leurs objectifs : perte de poids, augmentation de la masse maigre, maintien du poids. Elle se fie au calendrier de compétitions et prévoit les suivis nécessaires.
L’aspect compétition est très différent de l’aspect entrainement indique-t-elle. « Ça implique les voyages, le sommeil et une alimentation qui sera très différente. À la base, on essaie de faire plusieurs essais avant que les compétitions commencent pour s’assurer que ça passe bien. Il est aussi important que les athlètes apportent le maximum de nourriture qui leur rappelle la maison et qui aura un impact positif sur leurs performances. Trop d’athlètes s’en vont en Europe ou en Asie et n’ont pas prévu le coup. Du poisson sec et du riz pour déjeuner, ça ne fait l’affaire de tout le monde! »
Ce qui prime lorsqu’elle bâtit le plan alimentaire d’un athlète, ce sont ses préférences. Elle doit savoir ce qu’il ou elle aime manger et ne rien leur imposer de nouveau dans les premiers instants car ils ne suivront pas les recommandations. « Il faut aussi leur expliquer que nous ne sommes pas des policiers, mais bien des intervenants qui peuvent aider à optimiser leurs performances. En nutrition et avec les athlètes, il y a toujours place à l’optimisation! Il faut faire constamment de l’éducation de base même avec les plus grands médaillés. »
Régime d’athlète à la maison
Il existe plusieurs différences physiologiques entre une personne qui s’entraîne de façon régulière, mais légère, et qu’un athlète. Notamment en ce qui a trait à la dépense énergétique et les besoins calorifiques.
« Un athlète de haut niveau aura une grande dépense énergétique et une composition corporelle comprenant peu de graisses et plus de masse maigre. Ils sont aussi tellement entraînés qu’ils sont de meilleurs bruleurs de graisses que les gens moins en forme. Pour un même effort, une personne qui nage 1heure aura dépensé plus de glycogène (réserves de glucides stockés dans les muscles) et sera bien plus fatiguée que l’athlète d’élite qui nage elle aussi 1heure pendant laquelle elle aura brûlé plus de graisses que de glycogène, et pour qui l’entrainement sera très facile. »
Bien que les athlètes aient une alimentation précise et calculée selon leurs besoins, Mme Naulleau est d’avis que tout le monde peut réussir à retirer le maximum d’énergie dans son quotidien s’ils observent quelques règles de base. « Il ne faut jamais négliger les trois repas par jour, particulièrement le diner. On peut s’en sortir en déjeunant très peu ou très tard. Par contre, si on saute le diner, on est cuit! »
Aussi, selon la professionnelle, un repas optimal doit toujours combiner des protéines et des glucides. Par exemple, le matin : toast, beurre d’amande, banane, jus d’orange, café ; gruau avec petits fruits, lait, sirop d’érable, beurre d’amande ou d’arachide et 1 œuf cuit dur. « Pour les collations, on optera aussi pour une combinaison de glucides et protéines, l’objectif est de ne jamais arriver au diner complètement affamé, ce que trop de personnes font encore : amandes et fruits, yogourt grec et raisins frais, pomme et fromage, etc. »
Pour le diner, il ne faut jamais négliger les glucides, indique Mme Naulleau. « Trop de gens mangent une salade avec du poulet ce qui n’est pas suffisant. De nos jours, les glucides sont considérés comme du poison, mais s’en priver résulte souvent en des rages de sucres en après-midi. Donc ajouter du riz, couscous, quinoa ou des pâtes ne nuira en rien si cela fait en sorte que l’on se sente plus rassasié. »
Sans oublier le café, lui non plus n’est pas un poison et plusieurs études démontrent qu’il est important d’intégrer le café à son quotidien. « Comme il est stimulant, je recommande souvent 2 à 3 cafés par jour. Mais attention à ce qu’on y rajoute, car c’est souvent cela qui devient moins bon! »