Destruction de l’environnement, mauvaises conditions de travail, les bananeraies industrielles sont depuis des années au coeur de biens des litiges et controverses. Et les allégations ont de quoi faire sourciller bien des consommateurs. | Par Sophie Lachapelle
Que se cache-il derrière la simple banane que l’on glisse nonchalamment dans le panier d’épicerie ? Bien des choses ignorées de beaucoup de consommateurs… et pas des plus jolies. Au fil des ans, la culture industrielle de la banane a en effet été l’objet de nombreuses dénonciations de la part des groupes de défense de l’environnement et des droits de travailleurs. Cet aliment, le 5e plus commercialisé au monde (après les céréales, le sucre, le café et le cacao), n’a pas la meilleure des réputations.
D’abord il faut savoir que la culture de la banane est concentrée dans les mains d’un petit nombre de joueurs : cinq multinationales se partagent 84% de la production et la commercialisation de la banane. Une situation qui, aux yeux de plusieurs groupes, favorise un rapport de pouvoir inégal avec les populations locales.
Parmi les principales accusations adressées aux producteurs : l’usage intensif de pesticides. Selon Transfair Canada, une plantation typique en Amérique centrale utilise 30 kg de pesticides par hectare, soit dix fois ( !) celle de l’agriculture intensive dans les pays industrialisés. Équiterre rapporte que 90% des pesticides pulvérisés de manière aérienne se perdent dans l’environnement, détruisant ainsi le sol, les sources d’eau et les écosystèmes. L’organisme souligne aussi qu’au Costa Rica, 90 % des récifs coralliens sont morts à morts à cause du ruissellement des pesticides.
L’épandage intensif de pesticides a aussi, on s’en doute, un impact sur la santé des travailleurs. L’organisme UK Food Group rapporte que 24 000 anciens ouvriers de différents pays ont entamé des poursuites contre plusieurs multinationales. Ces ouvriers reprochent à celles-ci l’usage d’un pesticide en particulier, le nématicide Nemagon (DBCP), qui entraînerait la stérilité, des malformations à la naissance et des problèmes au rein et au foie. D’après ce groupe, le pesticide, bien qu’il ait été banni par l’agence de protection environnementale américaine en 1997, continuerait d’être utilisé par les compagnies.
Autre accusation : les conditions de travail des employés, que déplore notamment l’organisme Équicosta. «La banane a été depuis des siècles un des signes de l’esclavage et encore aujourd’hui les stigmates de l’exploitation sont loin d’être morts», explique XX de l’organisme Équicosta. L’auteur Ronald Harpelle rapporte dans un livre sur l’histoire de la banane que toutes les multinationales ont fait l’objet de controverses au sujet du traitement des travailleurs. Parmi les dénonciations : les longues journées de travail : 12 à 14 heures, le temps supplémentaire non rémunéré, les salaires insuffisants pour couvrir les besoins familiaux.
Avec un tel bilan, on ne s’étonnera pas que la banane équitable soit devenue si populaire !