Dès les beaux jours, les tablettes de la SAQ se parent de rose : parmi le nombre de bouteilles de vins rosés présentées, les vins québécois s’y font de plus en plus voir et apprécier par les connaisseurs. Et la qualité est au rendez-vous ! |Par Patrick Lesort, sommelier
Le vin rosé est à la mode. On le boit à chaque occasion et surtout en apéritif, pour un pique-nique ou un repas sans chichi sur la véranda. En une dizaine d’années, le rosé est devenu un incontournable dès les premières chaleurs. Il faut dire aussi que non seulement le nombre de produits à notre disposition a augmenté significativement, mais c’est aussi la qualité qui évolue sans cesse, la technologie de vinification s’étant modernisée et permettant un contrôle parfait des étapes d’élaboration.
L’approche a changé, la qualité est maintenant recherchée. Le rosé est devenu un vin de qualité pour de nombreuses maisons de production. Les rosés bonbon ou, au contraire, trop insipides sont de plus en plus boudés. De son côté, le consommateur ne s’y trompe pas et recherche de plus en plus des rosés plus complexes, où le fruit est à l’honneur, et qui sont désaltérants et conviviaux.
De la qualité bien d’ici
Dans ce registre, les rosés québécois n’en rougissent pas plus. Ils s’en sortent en effet très bien avec des vins de qualité se faufilant même, pour certains, parmi les meilleurs sur le marché. Reste le prix qui peut paraître un peu plus élevé que les classiques rosés français ou italiens et qui rebute certains consommateurs. Pourtant, pour un dollar ou deux de plus, nous avons le choix d’acheter un vin élaboré ici, au Québec, par des viticulteurs amoureux de leurs produits : un gage d’originalité, mais aussi une fierté de voir que nos producteurs sont capables de réaliser de tels vins. Un petit dollar de plus qui fait travailler des gens d’ici et qui stimule une industrie en pleine expansion, une industrie vinicole qui dynamise elle-même les régions grâce à l’emploi qu’elle procure, mais aussi à l’agrotourisme qu’elle met en place.
Mais, détrompez-vous, acheter québécois, ce n’est pas seulement faire œuvre de charité. C’est avant tout acheter une bonne bouteille de vin que l’on choisira pour son goût et pour sa personnalité. Il y a bien longtemps que la Provence n’est plus la seule région vinicole à faire de bons rosés, et le Québec rejoint discrètement (et seulement à domicile, car ils ne sont pas exportés) le peloton des bons rosés venant du monde entier.
Le rosé : un vrai vin
La Commission européenne, qui voulait augmenter la production de rosés en demande, avait envisagé d’ouvrir la voix aux rosés issus d’un simple mélange de rouge et de blanc… En 2009, après une levée de boucliers généralisée, il n’en était plus rien, au grand bonheur de tous les viticulteurs dignes de ce nom. Une réaction unanime pour préserver la qualité des vins, mais une technique de vinification propre aux vrais rosés.
À la différence des vins rouges dont le moult macère avec la peau des raisins pendant plusieurs jours (la pulpe étant blanche, c’est la peau qui colore le jus), pour les rosés, le contact avec la peau est de seulement quelques heures. Plus le moult est au contact des peaux, plus il se colore. Voilà la règle de base, mais il va sans dire que la technique est bien plus complexe que cet abrégé de vinification et que le savoir-faire de l’œnologue est primordial !
Les rosés sont des vins à part entière avec leurs caractéristiques propres : leurs cépages, leurs terroirs, leurs millésimes. Il y a même de grands rosés de garde comme à Tavel ou à Palette, en Provence. Mais, à part ces quelques exceptions, les vins rosés ne vieillissent pas, ou disons qu’ils sont conçus généralement pour être bus dans l’année. Frais et même très frais selon le cas.
Apéro et repas
Bien entendu, qui dit rosé, dit apéritif et vin que l’on sert de préférence lors des canicules. Faciles à boire, frais et désaltérants, les rosés se marient aussi très bien aux repas légers d’été. Un classique.
Il est intéressant de souligner que le rosé devient une solution de remplacement aux blancs quand on prévoit des repas plus exotiques. Les habitudes culinaires changent et la versatilité du rosé lui permet de s’adapter à la situation. Avec les cuisines asiatiques, il s’en tire très bien et est de plus en plus apprécié et conseillé par les sommeliers et les restaurateurs.
Bref, le rosé demande à être apprécié à sa juste valeur. Côtelettes d’agneau, pizzas, charcuterie, fromage… bien des plats s’accorderont avec un bon rosé. Et n’oublions pas d’ouvrir un excellent champagne rosé pour finir le repas !
Champs de Florence 2017, Domaine du Ridge
Saint-Armand | Brome-Missisquoi | Québec
Prix : 14,55 $ | Code SAQ : 741702
Sans conteste, ce rosé est l’un des meilleurs sur le marché, tous pays confondus. Élaboré avec du seyval noir, il a une belle couleur saumon. Au nez, il a des arômes de fraises des bois et de fleurs des champs. Sec, rond, gouleyant, il laisse une belle fraîcheur en bouche. Pourquoi chercher ailleurs quand on a de si beaux produits ici !
Rosé 2017, Domaine St-Jacques
Saint-Jacques-le-Mineur | Montérégie | Québec
Prix : 15,45 $ | Code SAQ : 11427544
Les propriétaires du vignoble, Nicole Du Temple et Yvan Quirion, produisent des vins remarquables. Il est situé au sud de la Montérégie, où le climat y est propice et souvent plus chaud qu’ailleurs (la plus chaude du Québec selon les propriétaires !). Ce rosé est un superbe produit qui pourra accompagner les repas d’été et qui sera également apprécié en apéritif.
Détente 2017, Domaine Les Brome
Brome | Brome-Missisquoi | Québec
Prix : 13,95 $ | Code SAQ : 11686626
Si vous en voyez des bouteilles, achetez-en, c’est un régal ! Frais, savoureux, bien équilibré malgré un petit reste de sucre résiduel, son nom le qualifie très bien. C’est un vrai moment de détente estival. Il fait partie des rosés québécois qui laisseront les sceptiques pantois… Mais dépêchez-vous, les bouteilles partent vite !