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Les vins du Liban : une tradition millénaire

Après bien des années au cœur de la tourmente, les vins libanais déferlent sur la planète vinicole… De plus en plus en plus de vins libanais sont disponibles au Québec. Pays connu pour son soleil et sa gastronomie, son histoire et ses conflits, il l’est de plus en plus aujourd’hui par ses vins. Pourtant rien de nouveau, la viticulture y est plusieurs fois millénaire. De la Phénicie antique au Liban moderne, le pays est resté, bon an, mal an, une région de production vinicole malgré les multiples guerres et les tensions frontalières actuelles.  À découvrir. | Par Patrick Lessort

Selon les croyances locales, Noé, le « premier vigneron de l’histoire », aurait même planté ses vignes après le déluge sur le Mont Sennine qui domine d’un côté Beyrouth et la mer et de l’autre, la plaine de la Bekaa (en désaccord avec la version officielle qui soutient que les monts d’Ararat en Géorgie seraient le lieu d’accostage du viticulteur prophète !). Dès 3 000 ans av. J.-C., les Phéniciens, qui peuplaient la région à l’époque faisaient déjà commerce de leurs vins sur toutes les côtes de la Méditerranée. Au Moyen Âge, les croisades permirent aux vignes et aux vins de la région d’être diffusés dans toute l’Europe. Mais ce sont les Ottomans, nouveaux occupants de l’époque, qui étouffèrent peu à peu la viticulture libanaise afin de faire respecter la loi coranique. Seuls quelques missionnaires jésuites réussirent à continuer de produire des vins de messe, dans la plaine de la Bekaa.

Il faut attendre la fin du XIXe siècle, grâce aux diverses congrégations chrétiennes, pour que la production de vin reparte de plus belle dans cette plaine fertile. Entourée de deux chaînes de montagnes, la vallée de la Bekaa est arrosée par deux rivières, une manne pour l’agriculture. Pendant la guerre civile (1975-1990), l’occupation par la Syrie freine l’expansion de la viticulture dans la plaine frontalière : une grosse part de la production étant envoyée directement à Damas plutôt que pour l’exportation.

Depuis le retrait syrien, l’industrie vinicole, enfin libre de ses actes, n’a cessé de se moderniser et d’étendre son marché grâce aux nombreuses communautés libanaises installées aux quatre coins du monde. Importation de cépages internationaux, climat idéal à la culture, savoir-faire indéniable : tout est là désormais pour obtenir des vins de qualité supérieure. La production, fort diversifiée, se distingue par des vins chauds (tirant souvent autour de 14 % d’alcool) et tout en finesse. Au Québec, nous trouvons maintenant dans les magasins de la SAQ plus d’une trentaine d’excellents produits : des vins rouges, des blancs, des rosés mais aussi de l’arak, spiritueux très populaire au Liban à base d’eau de vie de raisin et d’anis vert, un breuvage idéal pour accompagner les plats d’un mezzé traditionnel.

 

Trois suggestions!

Blanc de Blancs 2015, Château Ksara

Vin blanc | Liban | Vallée de la Bekaa

Code SAQ : 10210677 | Prix : 17,50 $

Fondé au XIXe siècle par les jésuites, Ksara est le plus important et le plus ancien producteur du pays. Ses remarquables vins sont élevés dans les caves troglodytes du domaine, que l’on peut d’ailleurs visiter. Élevé en fûts de chêne, ce blanc plein de finesse est souple et harmonieux. Il dégage des notes florales et exotiques (vanille, girofle, abricots). Bel assemblage de chardonnay (élégance et raffinement), sauvignon (notes fruitées et minéralité) et sémillon (souplesse et rondeur).

+ Il sera à son meilleur avec du poisson blanc (dorade aux pignons de pin et aneth) ou avec notre homard.

 

Sélection de Tanail 2013, Massaya

Vin rouge | Liban | Vallée de la Bekaa

Code SAQ : 00904102 | Prix : 21,60 $

Né d’un partenariat entre un passionné libanais et trois viticulteurs français renommés, le domaine Massaya produit des vins modernes et savoureux. La Sélection du Tanail est superbe et originale. Ample et complexe, ce vin a des arômes concentrés de torréfaction et de tabac. Avec des tanins souples, il est long en bouche, nous laissant sur des saveurs de cerises au marasquin et de poivre. Un bel assemblage de grenache, cinsault, mourvèdre et cabernet sauvignon.

+ Excellent avec de l’agneau aux aubergines ou avec de simples kébabs.

 

Arak Kefraya

Alcool anisé | Liban | Vallée de la Bekaa

Code SAQ : 00584326 | Prix : 27,05 $ | 375 ml

L’arak est une boisson alcoolisée à l’anis vert, traditionnelle de la gastronomie tant libanaise que syrienne. Tout comme le pastis ou l’ouzo, ses cousins français et grec, l’arak se consomme dilué dans de l’eau et accompagné de cubes de glace. Certains puristes n’y mettent que des glaçons ! En remplaçant l’eau par du jus d’orange pressé, on obtient un cocktail frais et vivifiant et à chacun de doser la quantité d’alcool désirée dans le verre.

+ En apéritif et par temps chaud mais peut aussi accompagner tous les plats d’un mezzé traditionnel.