Vos légumes flétrissent sur le comptoir et vos restes s’animent dans le réfrigérateur. Notre équipe s’est lancé le défi d’abolir le gaspillage alimentaire pendant cinq jours consécutifs. Compte rendu de cette expérience éclairante.
LA PRISE DE CONSCIENCE
La première étape pour limiter notre gaspillage alimentaire, c’est d’abord d’en prendre conscience. Une fois que l’on se met à analyser minutieusement tout ce qu’on jette aux poubelles en une semaine, la réalité nous rattrape. Il y a effectivement une grande place à l’amélioration. Et nous ne sommes pas les seules dans cette situation. En effet, 47 % du gaspillage alimentaire se fait à la maison*! Les producteurs, les épiceries, les restaurants ont eux aussi une part de responsabilité, mais le nerf de la guerre, ce sont nos propres cuisines. Heureusement, de petits changements peuvent faire une grande différence !
L’avis de Lyne : « On blâme beaucoup l’industrie alimentaire pour le gaspillage, mais il faut parfois se regarder et voir ce qui peut être amélioré. J’ai été stupéfaite de constater tout ce qui pouvait être réutilisé dans ma propre cuisine. On en a fait des potages ! »NOS ASTUCES POUR LIMITER LE GASPILLAGE
LA PLANIFICATION
Le concept revient fréquemment en cuisine ! Pour mieux manger, il faut planifier les repas. Pour sauver des sous, il faut planifier les lunchs. Et pour éviter de gaspiller, il faut planifier nos achats. Avant d’aller à l’épicerie, décidez des repas de la semaine, faites-vous une liste exhaustive en indiquant la quantité à acheter pour chaque ingrédient, et respectez-la. De cette façon, vous éviterez d’acheter des légumes inutiles pour vos recettes et vous n’achèterez que la quantité nécessaire. Pensez aussi à faire des recettes qui vous permettent d’utiliser vos ingrédients en entier. Par exemple, doublez votre recette si celle-ci exige une demi-aubergine. Les restants de plats préparés se congèlent bien et feront d’excellents dîners pour le travail, alors qu’une demi-aubergine risque de finir sa vie à la poubelle !
Le truc de Caroline : « Pendant le défi, je me suis forcée à décider sur le champ ce que j’allais faire de mes restants et des bouts de fruits ou de légumes que je n’avais pas utilisés dans ma préparation. Je savais trop bien que, autrement, je les aurais mis dans un petit pot qui se serait perdu dans le frigo. »LE « TOUSKII » OU « FRIDE-FRIGO »
Un autre moyen d’éviter de perdre des aliments est de planifier les lunchs, avec les restants de vos soupers. La mode est aux salades-repas, aux buddha bols, aux bols du dragon, bref, plusieurs appellations différentes pour exprimer la même idée : un plat où on combine un grain (riz, quinoa, millet, etc.), des légumes cuits, des légumes crus, une protéine, le tout arrosé d’une petite sauce. En d’autres mots, c’est votre restant de souper, agrémenté de quelques légumes frais, et le tout savouré froid. On ajoute quelques noix, une boîte de thon, un oeuf dur et le tour est joué. Toutes les combinaisons sont bonnes ! C’est parfait pour utiliser tous les restants du frigo.
L’observation de Mathilde : « J’ai été surprise de découvrir les multiples utilités de mes restes. J’ai eu envie de cuisiner différemment et de m’écarter des pratiques que je connaissais pour réussir à utiliser ce que j’aurais normalement laissé tomber ou mis directement au compost. Les chips de légumes avec les extrémités qu’on délaisse sont probablement devenues une spécialité ! »LES BOUILLONS DE POULET OU DE LÉGUMES
Les épluchures et retailles de légumes prennent normalement directement le chemin de la poubelle ou du compost. Or, elles ont encore beaucoup à offrir ! Donnez-leur une deuxième vie en concoctant un délicieux bouillon de légumes. Placez un sac de congélation au congélateur et ajoutez au fur et à mesure vos retailles de légumes. Une fois le sac plein, transférez le tout dans un grand chaudron, recouvrez d’eau froide, salez et laissez mijoter une heure. Vous pouvez aussi y ajouter quelques herbes fraîches (avouez qu’on utilise rarement toute la botte de persil !). Filtrez et conservez le bouillon dans des pots Mason au congélateur. Excellent pour vos soupes, votre riz blanc ou même vos smoothies ! Vous pouvez procéder de la même façon avec les carcasses de poulet et les os de boeuf.
LE CONGÉLATEUR A SON MEILLEUR
On sous-estime énormément le congélateur, mais dans notre défi, il s’est avéré très utile ! Faites provision de bacs à glaçons. Vous pouvez y conserver les restants de pâte de tomates, le pesto, le gingembre râpé, les fines herbes dans l’huile, les blancs d’oeufs, etc. Chaque compartiment correspond normalement à 2 c. à s. (30 ml). Une fois l’aliment congelé, on le transfert dans un contenant hermétique.
NE RIEN JETER!
Donner une deuxième vie aux aliments est également un excellent moyen de retirer un maximum de ces derniers et d’éviter de les gaspiller. Par contre, cela demande parfois un peu plus de créativité. Les restants de pain deviennent d’excellents croûtons ou s’utilisent très bien dans un pouding au pain perdu (voir notre recette de Pouding au pain aux petits fruits).Les épluchures de carottes s’intègrent de belle façon dans des muffins. Avant de presser un citron ou une lime, on s’assure de prélever tout le zeste, qu’on peut congeler ou faire sécher à l’air libre, afin de l’ajouter à nos mélanges d’épices et de sels.
Le conseil de Lyne : J’ai réalisé qu’on perd beaucoup de bonnes choses par notre façon de couper nos fruits et nos légumes. On en coupe trop. Prendre un économe pour éplucher mon concombre me permet d’enlever vraiment juste la pelure et de conserver une bonne partie de la chair. Assurez-vous donc d’utiliser les bons outils pour la tâcheLES LIMITATIONS
Bien que ce défi soit louable et qu’il nous ait permis de nous doter de trucs pour réduire notre gaspillage alimentaire, certaines limitations se sont tout de même présentées. Par exemple, les pelures de pommes de terre nous ont donné bien du fil à retordre, puisqu’elles ne sont pas très savoureuses dans du bouillon. Elles peuvent se manger frites, mais est-ce bien la meilleure des idées de se bourrer de frites de pelures de pommes de terre, simplement pour éviter de les jeter ou de les composter ? Aussi, pouvons-nous réellement planter tous les noyaux et pépins sur notre terrain ? Avez-vous assez de rebords de fenêtre pour redonner vie à vos laitues, céleris et autres pousses ? Bref, il faut faire preuve de gros bon sens !
TROUVER SON ÉQUILIBRE
Pour réussir le défi, il faut cuisiner beaucoup plus souvent que ce à quoi notre routine nous avait habituées. Réutiliser toutes les épluchures pour faire des muffins, ça commence à faire beaucoup de muffins à manger ! Si l’on doit consommer plus et utiliser plus d’ingrédients pour s’assurer de donner une deuxième vie à nos aliments, est-ce qu’on a vraiment limité le gaspillage ? À travers les cinq jours du défi, nous avons donc également constaté que tout est toujours une question d’équilibre. Faire sa part pour réduire le gaspillage alimentaire, c’est bien, mais angoisser à l’idée du temps qui nous manque pour faire cuire notre bouillon ou pour préparer des galettes aux épluchures, c’est non !