LE must

Une ferme dans la ville

Photo: Francesco Gallarotti

C’est en pleine ville de Montréal que la ferme Pousse-menu s’est établie. Loin des champs et de la campagne, elle a préféré se rapprocher de ses clients en quête de produits santé. | Par Mélanie Loisel

Pas besoin d’avoir de grandes terres pour faire de l’agriculture. La ferme Pousse-menu n’occupe que 8 000 pieds carrés dans un quartier industriel de l’ouest de Montréal. Et pourtant, 100 kilos de pousses sont fraîchement cueillies quotidiennement. Il faut dire que la croissance est spectaculaire. « Il suffit de 48 heures pour faire germer des lentilles, et de sept jours pour le sarrasin », explique le propriétaire de la petite entreprise, Philippe Robillard. Ce passionné d’agriculture développe depuis une vingtaine d’années sa technique de production de germinations (pois, fèves, lentilles, macédoine), de pousses et d’herbes de blé. Ces produits sont très riches en enzymes, vitamines, acides aminés, chlorophylle et protéines. Un vrai cocktail énergétique !

Lorsqu’il a débuté son entreprise en 1988, ses produits bio étaient toutefois loin d’être convoités. Philippe Robillard était perçu comme un grano et un idéaliste. Les sceptiques étaient nombreux lorsqu’il parlait de son concept de ferme urbaine. « L’avantage d’être en ville, c’est la proximité de notre marché. Nous livrons la marchandise fraîche chaque matin et nous gagnons en qualité », dit-il. Les magasins d’aliments naturels ont d’abord été leurs premiers clients. Puis, les portes des marchés alimentaires se sont ouvertes, Steinberg ayant été le premier à faire affaire avec Pousse-menu avant de déclarer faillite en 1991. Une faillite qui leur a d’ailleurs fait perdre beaucoup d’argent. « Pendant des années, notre développement en a souffert », raconte monsieur Robillard.

Malgré tout, le producteur réalise que cette embûche commerciale a été un mal pour un bien puisque certains supermarchés Metro et IGA ont récupéré le marché délaissé par Steinberg.

Bien qu’il soit végétalien, Philippe Robillard croit que la germination peut s’inscrire dans tous les régimes alimentaires. « Nous pouvons manger de la viande et des germinations, il n’y a rien de contradictoire, dit-il. La seule différence, c’est que la viande est un aliment dispendieux. Avec la germination, nous pourrions nourrir la planète entière puisque le procédé est rapide, écologique et nécessite peu de terres », explique monsieur Robillard qui a mis sur pied divers projets d’agriculture paysanne en Afrique et dans les Caraïbes. « Sa consommation peut aussi aider à lutter contre de nombreuses maladies puisqu’elle contribue à renforcer le système immunitaire », ajoute-t-il avec conviction.

Son prochain défi : distribuer ses produits dans les hôpitaux du Québec et exporter son concept de ferme urbaine. « Depuis les débuts de Pousse-menu, mon objectif a toujours été de faire une différence sur la santé publique », tient-il à dire. Lorsqu’il se met à voir grand, Philippe Robillard s’imagine même ouvrir d’autres fermes à New York, Paris ou Dakar.

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Les produits de la ferme Pousse-menu sont disponibles dans la plupart les grands supermarchés.

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