Ils viennent d’ailleurs et se sont installés au Québec pour différentes raisons. Certains partent, reviennent ou encore restent. C’est le cas de Stelio Perombelon, Chef propriétaire au Restaurant M. Mme à Montréal. Passionnés des saveurs, fidèle à ses racines et amoureux du Québec, vivre ici est pour lui un bonheur renouvellé. LE must lui a posé quelques questions.
Racontez-nous en quelques lignes votre arrivée au Québec.
« Je suis arrivé à Montréal en décembre 1975 à l’âge de quatre ans. Je suis né à Versailles de parents de l’île Maurice, mais qui se sont pourtant rencontrés à Paris. J’étais assez jeune, donc je ne me souviens pas beaucoup de mon arrivée, mais le reste est assez frais en mémoire. »
Quelles ont été vos premières impressions en arrivant ici?
« Les nouveaux arrivants au Québec ont souvent les mêmes réactions: il fait donc bien froid! Pour le reste, ce sont surtout les impressions que j’ai entendu raconter de mes parents: pays de toutes les possibilités, du travail pour tous, de l’avenir pour les enfants, la possibilité de faire mieux que dans son propre pays. Des opinions que je partage beaucoup aujourd’hui. Le Québec est une terre d’accueil comme il s’en fait peu autour du monde. Montréal est une ville qui embrasse le multiculturalisme d’une façon unique et qui l’intègre à son cheminement et à son évolution. »
Quels sont vos souvenirs de jeunesse au Québec?
« Comme j’ai grandi en banlieue nord jusqu’à l’âge de 14 ans, mes plus beaux souvenirs sont ceux des étés à jouer dehors, près des champs de tomates et de fraises – devenus maintenant des terres à condos. On achetait les fruits et légumes directement des maraîchers sur le bord de leur terre et uniquement alors que c’était en saison. »
Qu’est-ce qui vous a donné envie de rester?
« Comme je suis né en France et que beaucoup de membres de ma famille s’y trouvent, la possibilité d’y retourner a toujours existé, mais comme je me suis toujours senti bien ici, j’étais incapable de partir. Je ne me suis jamais vu vivre ailleurs. C’est chez moi, comme si j’y étais né, comme si mes parents y étaient nés. Aujourd’hui encore plus, comme ma conjointe est Québécoise et que mes enfants sont nés ici. Je suis Québécois, plus que jamais. »
Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre de votre culture? « Comme mes parents avaient à cœur de s’intégrer et de vivre au rythme de l’Amérique, nous avons épousé toutes les valeurs des Québécois. Parfois, je laisse apparaître une technique ou une association de saveurs à travers ma cuisine. »
Quel aliment du Québec aimez-vous particulièrement?
« Je suis un amoureux de la tomate depuis toujours. Je me suis souvent amusé à faire des menus « tout tomate » de l’entrée au dessert, mais ça, je pense que je pourrais le faire dans n’importe quel pays. J’avoue que je serai éternellement impressionné par le sirop d’érable. C’est assez unique, un goût qu’on ne retrouve pas ailleurs dans le monde. Nous, on le consomme sur nos crêpes et on le tient pour acquis et ça fait partie de nous. Il faut sortir du Québec pour comprendre à quel point c’est souvent imité, prisé, respecté et cher! C’est fou! »
Quelle est cette recette de votre pays d’origine que vous affectionnez et que vous avez adaptée avec des aliments d’ici?
« Dans les plats de l’île Maurice que j’affectionne, il y a le cari de poisson. Tout le monde mange ça. Le poisson est si abondant que c’est un plat de semaine. L’ennui, c’est qu’il est frit et ensuite mis à mijoter dans la sauce. Même si c’est trop cuit, ça ne m’empêche pas d’en manger. C’est une saveur d’enfance. Mes parents en faisaient souvent. Au restaurant, nous avons un plat de thon Albacore couvert d’huile de cari, de vinaigre de citron et de radis. Les gens de l’île Maurice qui en ont mangé chez M. Mme disent que ce sont les saveurs de l’île. »