L’atteinte du bonheur au travail est l’objectif suprême de Nathalie Lehoux, Happy présidente des restaurants Pacini.
Il va sans dire que, pour elle, cela passe inévitablement par l’alimentation. | Par Mathilde Condrain-Morel et Les restaurants Pacini
Le bonheur au travail peut-il être lié aux repas qu’on l’on y prend ? Quel impact cette portion de notre journée a-t-elle sur notre moral, notre bien-être et notre santé ? Un gros impact apparemment. Assez pour que des chefs d’entreprise comme Nathalie Lehoux, des restaurants Pacini, y réfléchissent. Elle s’assure en effet que ses employés vivent de bons moments à l’heure des repas et que ceux-ci disposent d’installations appropriées : cafétéria, terrasse sur le toit, équipements pour s’alimenter convenablement. Nathalie Lehoux aime bien profiter de cette pause de la journée pour discuter avec ses employés, et pas seulement du travail ! C’est l’occasion d’échanger avec les gens, de prendre le pouls de ce qui se passe dans la vie de ses employés et de son entourage, et de contribuer à une meilleure circulation de l’information.
UN PARTAGE BÉNÉFIQUE
Le fait de manger avec d’autres personnes permet indéniablement d’obtenir un plaisir supplémentaire. Des chercheurs de l’Université Yale en ont d’ailleurs fait le test. Une étude publiée en décembre 2017 dans la revue Psychological Science suggère que, effectivement, un plaisir partagé en est un amplifié. Le docteur Jordan L. Lebel, professeur associé à l’Université Concordia et spécialisé en marketing alimentaire et en habitudes des consommateurs, déclarait récemment dans nos pages : « Partager un repas invite à la conversation qui confronte inévitablement nos opinions et perspectives à celles de nos compagnons de table. Ainsi, le partage nous amène à apprécier des attributs ou des aspects du produit auxquels nous n’aurions pas porté attention autrement et, ce faisant, nous permet de tirer plus de plaisir du mets ou de l’aliment en question. »
Ce partage, Nathalie Lehoux s’assure de le retrouver à l’heure des repas. « J’ai toujours besoin d’aller manger avec quelqu’un. J’étire mes journées de travail par un déjeuner ou un dîner, et c’est souvent avec mes employés. » Ce faisant, elle entretient de bonnes relations avec ses collègues et permet de bonifier le lien de confiance. Peut-être sans le savoir, Mme Lehoux contribue à créer un milieu de travail plus sain, où les interactions sociales sont encouragées. Dans un article paru dans Madame Figaro en mars dernier, le psychologue du travail Adrien Chignard affirmait que le premier rempart contre la dépression en entreprise, c’est le soutien des pairs. « La qualité de ces liens est un puissant générateur de bien-être. »
PROFITABLE POUR L’EMPLOYEUR
Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology, réalisée en 2010 à partir d’un échantillon composé de 3 000 employés d’une société bancaire, les salariés qui mangent ensemble à l’heure du lunch auraient tendance à être plus productifs l’après-midi. De son côté, Nathalie Lehoux considère que ses repas font partie intégrante de ses journées de travail. L’alimentation est pour elle intimement liée au travail et elle s’assure donc d’y prendre plaisir. « Comme j’utilise souvent le dîner pour faire des rencontres professionnelles, c’est aussi une occasion d’optimiser ma journée. Mes déjeuners sont aussi pensés comme tels, ce qui fait que le bonheur de manger prend une place considérable dans mon travail, et pas seulement parce que mon domaine d’affaires s’y prête. » C’est dire combien le fait de manger a, dans ce cas précis, un impact majeur sur le bonheur au travail. Puisque alimentation et travail sont indissociables pour elle, Mme Lehoux prend les moyens pour que son expérience soit positive.
HAPPY EN MANGEANT
Pour cette Happy présidente, l’alimentation n’est pas synonyme de contraintes. D’ailleurs, elle considère que c’est même plus facile de bien s’alimenter au restaurant qu’à la maison, étant donné tous les choix qui s’offrent à nous. C’est plutôt une fois chez elle, le soir, pressée par le temps, qu’elle peut plus facilement se laisser aller à des choix moins sains. La multiplication des options permet au consommateur d’opter pour ce qui lui convient et d’avoir accès à des solutions de rechange, peu importe ses prédispositions. Le premier conseil de Mme Lehoux pour garder une alimentation équilibrée malgré un horaire chargé : ne jamais sauter le dîner ! Pour elle, il n’est pas question de ne pas manger et il n’y a pas de bonne raison de le faire.
La pause dîner n’est donc pas une option. Il faut se décoller de son écran et prendre le temps de savourer un repas qui nous satisfera. Le Dr Jean Michel Lecerf, nutritionniste à l’Institut Pasteur de Lille en France, rappelle d’ailleurs dans son nouveau livre, Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette ?, qu’il faut un minimum de 30 minutes pour récolter les bienfaits de notre repas. « Même si le repas est court, il faut toujours être attentif à la façon dont on l’ingère, insiste-t-il. À savoir, bien mastiquer pour libérer les enzymes digestives, comme l’amylase salivaire, et faciliter ainsi l’assimilation des nutriments, mais aussi prendre conscience des sens et des saveurs. »
Ensuite, chacun peut trouver du réconfort et du bonheur dans les aliments qu’il consomme, en fonction de ses goûts et préférences. La loi non écrite demeure toutefois de consommer ces aliments en étant entouré, afin de favoriser les échanges et de générer un plaisir augmenté. Alors, à quand votre prochain dîner d’équipe ?