Si on a connu le soleil de Provence, le son des cigales et les odeurs de thym, de romarin et de sarriette, on ne rêve que de les retrouver au plus vite. La Provence, c’est 3000 heures de soleil par an, mais aussi 4000 ans d’histoire et de légendes ponctuées par les bourrasques du mistral et des diverses invasions qui y ont laissé leurs marques et leurs vins. | Par Patrick Lesort, sommelier
Pour les œnophiles estivaux, la Provence est surtout connue pour ses rosés légers et rafraîchissants qui représentent encore 80 % de la production régionale. Il y a pourtant aussi d’excellents blancs à découvrir et surtout des rouges qui demandent à être plus connus au Québec. La Provence viticole n’est pas uniforme : de Marseille à Nice, elle s’étend sur 200 km et propose une palette d’appellations qui ont chacune leur personnalité. Partons pour une balade en Provence !
Aix-en-Provence
Notre « route des vins » commence à Aix-en-Provence. Ville d’eau, elle est paradoxalement entourée de vignes et d’oliviers qui se partagent le paysage. Nous sommes ici, au centre des Coteaux d’Aix-en-Provence, enclave dans l’appellation principale et régionale des Côtes-de-Provence qui produit principalement les fameux rosés, mais aussi, et de plus en plus, d’excellents rouges, par exemple, ceux du Domaine Richeaume, du Château Font du Broc, du Château Roquefort, etc.
À noter aussi les superbes blancs du Domaine Gavoty. Dominés à perte de vue par la Sainte-Victoire, la montagne chère à Cézanne, le vignoble aixois mûrit sous un soleil de plomb. Il faut généralement monter dans les hauteurs pour trouver des vins un peu plus élégants et complexes, parfois même d’excellents vins de garde. Notons les vins des châteaux Vignelaure, Calissanne, Fonscolombe, Paradis ou Revelette.
Non loin, à Arles, entre ruines romaines et Camargue, se trouve l’appellation Les Baux-de-Provence qui s’enroule autour du village médiéval du même nom. Avec ses ruelles commerçantes, la blancheur de son château en ruine et son restaurant mondialement connu, l’Oustau de Baumanière, l’endroit est magique et… très chaud, comme son vin; des vins sombres, profonds, corsés, mais aux tanins fondus. Je vous souhaite d’avoir la chance de déguster, par exemple, un vin du Domaine Hauvette ou un Vallon des Amants du Mas de la Dame, rarement offerts au Québec. Mémorables.
Revenons à Aix. À sa porte, tel un grand cru, la minuscule appellation Palette et son fameux Château Simone qui fait face à la Sainte-Victoire : des rouges de garde profonds, mais surtout des blancs majestueux et des rosés incomparables et… de garde ! Pour ma part, c’est le meilleur rosé que j’ai eu la chance de goûter.
Descendons vers la côte. Voilà Marseille et, à l’autre bout des calanques, Cassis : un petit port touristique entouré de vignes. L’appellation Cassis n’a rien à voir avec les baies du même nom: ici on parle d’excellents vins rosés et blancs secs et de quelques rouges plus rares, mais tout aussi remarquables. À découvrir!
Les vignobles de Bandol
Continuons la route qui longe la Méditerranée vers l’ouest : c’est le commencement de la Côte d’Azur, avec ses plages et ses palmiers. Nous voici à Bandol, un écrin descendant vers la mer. Les odeurs d’eucalyptus et de résine remplacent celles des huiles à bronzer. Les vignes omniprésentes sont séparées par des rangées de cyprès ou d’estanques. Nous avons ici les meilleurs vins de Provence qui n’ont rien à envier à certains grands crus du Bordelais. Le mourvèdre y est roi. Ce cépage d’origine ibérique (le monastrell en Espagne) y est à son paroxysme et souvent souligné de syrah.
Notons quelques incontournables vignobles de Bandol : le Domaine Tempier, le Château de Pirbanon, le Domaine de la Bégude, le Domaine du Gros’Noré, le Domaine Pradeaux, le Domaine de la Bastide Blanche, le Domaine de la Tour du Bon, sans oublier la Cuvée India du Domaine Dupéré Barrera. À découvrir également, les excellents rosés ou les blancs comme celui du Domaine de l’Olivette.
Excellent rapport qualité-prix
Remontons un peu dans les terres pour retrouver les Coteaux Varois-en-Provence : cette appellation connue il y a quelques années pour ses petits vins disparates a pris bien des galons depuis grâce à une nouvelle génération de viticulteurs. Les vins du Var sont d’ailleurs souvent d’un excellent rapport qualité-prix : le Château des Chaberts, l’Abbaye de St-Hilaire et, en bio, le Château de La Lieue, en sont des exemples.
Finissons notre périple provençal par la superbe ville de Nice et sa promenade des Anglais. Sur ses hauteurs, la petite appellation Bellet qui surprend par sa qualité et ses cépages : le bricquet et la folle noire ! De superbes vins originaux et pleins de soleil que l’on ne voit que trop rarement au Québec. Dégustez un verre de Bellet dans la fraîcheur de l’une des caves à vins du Vieux-Nice et vous m’en direz des nouvelles ! Souvenirs, souvenirs…