Plus que jamais, les tendances alimentaires sont propulsées par le comportement des consommateurs. Certaines sont plus éphémères. D’autres, au contraire, seront là pour durer. Voyons voir celles qui pourraient perdurer. | Par Michel Therrien
Puisque l’arrivée de la nouvelle année est assurément un moment propice aux analyses et différentes prédictions, LE must a sondé différentes sources afin d’identifier sept grandes tendances du comportement que nous, consommateurs, devrions adopter au cours de la prochaine décennie. Vous reconnaissez-vous ?
Les tendances de consommation des 10 prochaines années
Grâce à différentes sources provenant d’entreprises spécialisées dans l’analyse des marchés, L’actualité ALIMENTAIRE a identifié que sept grandes tendances du comportement des consommateurs façonneront les marchés mondiaux au cours de la prochaine décennie.
1 – La recherche du bien-être
En 2021, on cherche plus que jamais le bien-être. Cette notion ne s’articule plus simplement à vouloir prendre soin de soi en termes généraux ni vouloir effectuer un changement de vie radical. Non.
Au lieu de cela, on recherche la commodité, la transparence et les valeurs qui nous ressemblent. « Même si l’approche du marché de masse et du modèle unique aura toujours de la valeur, nous verrons de plus en plus l’adoption de solutions sur mesure. L’air pur et l’eau deviendront des points de vente, tandis que le mouvement conscient et les exercices conscients deviendront aussi importants que la forme physique », explique d’ailleurs à ce sujet Simon Moriarty, directeur de Mintel Trends.
2 – Sauver la planète avec flexibilité
L’augmentation de la population mondiale et la crise climatique forcent les populations à réduire leur consommation, le gaspillage et leur consommation d’énergie. Elles apprennent ainsi à partager plus efficacement les espaces limités et à travailler de manière collaborative.
Aujourd’hui, les technologies abordables nous ont permis de devenir des “nomades numériques”.
Cela permet des conditions de travail flexibles. On ne travaille plus de 9 à 5. Le télétravail est rendu possible grâce aux avancées technologiques, mais particulièrement en raison des lacunes du travail en open space. Selon la Philosophical Transactions of the Royal Society, le travail en espace ouvert serait nuisible à la communication et à la créativité entre employés. Les bureaux disparaissent au profit de salles de réunion, car le télétravail est monnaie courante. D’ailleurs, selon SurePayroll, 65 % (chiffres d’avant COVID qui ont grimpé) affirment qu’il serait plus productif en travaillant à partir de la maison et permettrait de sauver du temps et de sauver la planète en raison d’une moins grande présence de véhicules sur la route. (Note: Ceci avait déjà été prédit avant même la pandémie. Celle-ci n’aura qu’accéléré sa mise en place.)
Par ailleurs, les 10 prochaines années verront les tensions sociales s’intensifier à mesure que la concurrence pour les ressources augmente et la pandémie n’aide pas à exacerber les classes sociales.
De leur côté, les villes continueront leur développement, empiétant sur les zones sauvages restantes et les zones agricoles rurales, exacerbant le coût de la production alimentaire, rendant même les produits de base plus chers pour la plupart des consommateurs.
3 – Vivre avec la technologie
La technologie mobile continue de brouiller les frontières. En effet, le travail n’existe plus seulement entre 9 h et 17 h, mais à toute heure du jour, pendant nos loisirs, nos jours de congé et même lorsqu’on est en vacances peu importe où.
Dans un sondage effectué par Qapa.fr auprès de 4,5 millions de personnes et recruteurs français en juillet 2019, 63 % de ceux-ci se sont dits incapables de ne pas ouvrir leur boîte professionnelle et de répondre au message d’un collègue en dehors du travail, même pendant leurs vacances ou un congé de maladie.
Par ailleurs, des éléments de réalité virtuelle et augmentée (VR / AR) vont révolutionner des industries telles que le tourisme et les loisirs. Le sport virtuel rivalisera plus que jamais avec la popularité des sports physiques, surtout en période post-pandémie.
4 – Pouvoir et protection
On prend conscience de son pouvoir. Désormais, non seulement on n’hésite plus à partager son mécontentement en contactant les entreprises, les marques ou les influenceurs, mais on profite de moyens efficaces et publics pour se faire entendre. « Avant, un client insatisfait partageait son expérience à 13 personnes autour de lui, alors qu’aujourd’hui, ce chiffre grimpe à plus de 270 », a déjà fait savoir en entrevue au journal Les Affaires Jean-Marc Léger, président de Léger.
L’activisme des jeunes jouera un rôle de premier plan dans la sensibilisation de la population aux causes et incitera les politiciens à développer et à mettre en œuvre des idées propices à de réels changements.
Parallèlement, une approche des données plus centrée sur l’humain est en train d’émerger, donnant aux personnes le pouvoir de contrôler la manière dont leurs données personnelles sont collectées et partagées.
Il faut dire qu’on commence à se rendre compte de la valeur réelle de nos données (merci Desjardins !). « À l’avenir, la technologie modifiera la propriété des données, permettant de remettre le contrôle aux consommateurs en déterminant qui a accès à leurs informations en ligne », fait savoir Yves Benchimol, président de WeWard
5 – Notre Identité
Au cours des prochaines années, on commence à s’éloigner des définitions rigides de la race, du genre et de la sexualité. « L’inclusion a beaucoup de positif. Acceptation au profit du harcèlement, par exemple. Par contre, le développement de ce mouvement entraînera du coup de la solitude, de l’isolement et une perte d’identité qui va atteindre des proportions épidémiques d’ici 2030. Cela pourra se répercuter sur le marché, qui offrira un produit édulcoré », explique Simon Moriarty, qui ajoute qu’il faudra s’attendre à ce que des entreprises, des marques, des organisations sociales et des gouvernements créent des solutions technologiques pour lutter contre cela.
Selon lui, à mesure que les identités changeront, il en ira de même pour la socialisation. Trendhunter confirme ses dires. « À l’avenir, les gens vivront de plus en plus avec des membres de leur tribu. Celle-ci ne sera plus formée par les membres de leur famille, mais par des gens qui ont les mêmes intérêts qu’eux. »
6 – La valeur des choses
Nous vivons à une époque de consommation excessive et non durable, ce qui est contradictoire avec notre volonté rationnelle.
La culture du « swipe up » des médias sociaux a perpétué la poursuite pour acheter plus et acheter mieux. Toutefois, le réchauffement climatique étant l’un des problèmes majeurs de la société moderne, les consommateurs examineront de plus près leurs propres habitudes de consommation.
La méfiance généralisée vis-à-vis de l’industrie alimentaire demeure. On peut donc s’attendre à ce que le consommateur exige que l’industrie soit transparente à 100 %.
Alors que nous sommes à la recherche d’une approche plus consciente de leurs dépenses, on souhaitera aussi quelque chose d’authentique, qui nous est propre. « Médias sociaux et résistance à la publicité traditionnelle ont créé un désir d’authenticité : et on s’attend à ce que les industries soient sincères », indiquent d’ailleurs les gens de Trendhunter.
Il faut aussi s’attendre à ce que le consommateur achète moins et qu’il mette l’accent sur la durabilité et la fonctionnalité. « Mais ce n’est pas demain la veille. Le consommateur souhaite beaucoup de choses pour son bien et celui de la planète, mais son comportement est très contradictoire à cela. Il achète plus de friandises que jamais, préfère encore le beau au durable et… Dieu qu’il est impatient. Les consommateurs qui changent leurs automobiles ou leurs appareils de technologie alors qu’ils fonctionnent, les gens qui redécorent sans cesse leur maison par simple lassitude de la couleur de leurs murs et autres n’aident en rien à la planète qui crie “Au secours !” »
7 – Stimulation
En tant que consommateur, on cherche constamment à ce que nos cinq sens soient stimulés. Toutefois, on dit que notre rôle est voué à évoluer. « Il sera désormais interpelé dans les prises de décision. Le meilleur exemple demeure C’est qui le patron?!, cette entreprise est née en 2016 de la volonté de consommateurs de reprendre en main la consommation et de la gérer différemment. »
Ainsi, la recherche d’expériences ne devrait plus être réduite à un simple outil de marketing ou à une mode. Nous allons éprouver des liens émotifs puissants avec des marques.
D’après une étude menée par PsychologyToday (2019), les consommateurs réagissent d’ailleurs plus fortement à des publicités qui reposent sur du contenu émotionnel. Ainsi, comme le démontre une étude du New York Times (2019), le bonheur incite au partage et, à l’inverse, la tristesse génère plus de clics.
La technologie est source d’expériences, mais la connectivité constante rend également la demande d’interactions hors connexion de plus en plus extrême et de plus en plus difficile. À l’avenir, les expériences collectives gagneront de plus en plus en popularité. Les gens vont commencer à redéfinir leurs expériences individuelles. « Ça ira même jusqu’à ne rien faire pendant que des gens prendront des décisions sur ce qu’on devra faire de notre temps… à notre place ! », explique Simon Moriarty.