C’est un fait, on vit de plus en plus longtemps. Sachant que le cerveau commence à montrer des signes de vieillissement dès la vingtaine, comment arriver à conserver un esprit vif et allumé pendant des années? Heureusement, il n’est jamais trop tard pour freiner les manifestations du vieillissement. Tout dépend de ce que l’on mange. | Par Charline-Ève Pilon
C’est ce que veut démontrer Louise Thibault, docteure en nutrition, auteure de « Manger pour garder un cerveau jeune », un livre qui présente une stratégie alimentaire visant à garder un cerveau qui vieillit bien, le plus longtemps possible. Celle qui se spécialise dans tout ce qui traite de l’alimentation et du cerveau souhaitait comprendre les effets de certains nutriments et aliments sur le fonctionnement du cerveau.
Dans cet ouvrage, son troisième, elle prouve, études scientifiques rigoureuses à l’appui, que notre alimentation peut réellement nous aider à préserver nos facultés cérébrales, notamment dans la prévention de la maladie d’Alzheimer, des troubles cognitifs, des troubles de la mémoire. À l’inverse, une mauvaise alimentation pourrait accélérer l’apparition de troubles cognitifs, entre autres pour ce qui a trait aux gras.
« Dans mon premier livre, j’expliquais pourquoi l’alimentation était importante dans le développement du cerveau, raconte Mme Thibault. J’ai avancé ma recherche et j’ai trouvé que les aliments avaient un impact sur la mémoire. On a découvert que des rats de laboratoire qu’on rendait obèses avec des régimes alimentaires riches en gras saturé apprenaient beaucoup moins bien. »
Cette découverte a fait en sorte que Mme Thibault s’est intéressée aux effets des aliments sur les neurones. « Il faut se constituer une bonne réserve cognitive. La façon dont on va nourrir notre cerveau va nous préserver contre un vieillissement prématuré ou encore contre des maladies neurodégénératives. »
Ainsi, il n’est jamais trop tard pour modifier son alimentation. Une personne qui décide de changer ses comportements alimentaires en mangeant plus sainement va avoir de meilleures performances intellectuelles et courra moins de risques de souffrir de la maladie d’Alzheimer, en comparaison avec des gens qui ne changent aucunement leur mauvaise alimentation.
Aliments et comportements
Ces aliments et comportements alimentaires qui ont un rôle-clé dans la préservation des facultés cérébrales sont multiples. À commencer par le « bon » gras alimentaire que l’on retrouve notamment dans le poisson, à consommer au moins deux fois par semaine.
« Les poissons gras, comme le saumon qui est un très bon poisson. Il contient des acides gras qu’on appelle ADH. Les ADH sont un type d’Oméga-3 et c’est l’acide gras important pour le vieillissement du cerveau. Le saumon en contient le plus haut taux, suivi de la truite arc-en-ciel, du hareng, du maquereau et des sardines. »
Également, les vitamines A, C et E, en particulier, ont un pouvoir antioxydant permettant aussi le ralentissement du cerveau en ralentissant l’oxydation. On les retrouve notamment dans des légumes très verts tels que le cresson, l’asperge, le chou vert et le brocoli. On y ajoute les fruits. « 5 à 10 portions par jour de fruits et légumes ça se fait ; une portion ce n’est pas beaucoup. Mais l’important c’est d’en manger à chaque repas. »
Après les bons gras, les vitamines et les antioxydants, il semble que le type de régime alimentaire ait un effet sur le maintient des performances intellectuelles. « On parle surtout du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) qui a le même effet que le régime méditerranéen. Je ne jure que par ces régimes qui sont riches en fruits et légumes, en produits laitiers en faible teneur en gras, et en gras marin. »
Par ailleurs, pour garder son cerveau jeune, la viande rouge est à consommer avec modération, aux dires de Mme Thibault, étant donné son effet pro-inflammatoire. Les viandes blanches comme le poulet et le veau sont à privilégier, ainsi que le porc.
Ainsi, il n’est jamais trop tard pour changer ses habitudes alimentaires et ainsi garder l’esprit vif le plus longtemps possible. « J’ai des étudiants qui m’ont dit avoir changé leurs habitudes alimentaires et s’être sentis par la suite plus alertes. Des effets, il y en a. Si on a mangé de la poutine pendant 20 ans, il n’est jamais trop tard pour diminuer sa consommation de poutine et intégrer plus de fruits, de légumes et de poissons dans son alimentation! »
Louise Thibault est docteure en nutrition, auteure de « Manger pour garder un cerveau jeune », aux Éditions de l’Homme, 2016.