L’alimentation est bien sûr un facteur de longévité très important, mais c’est aussi par l’alimentation que la science a réussi à établir qu’il est possible d’agir sur le vieillissement. Sceptiques ? Attendez d’avoir lu l’article au complet ! | Par Éric Simard, Dr en biologie, chercheur et auteur
Tout a commencé en 1935. À cette époque, Clive M. McCay (1898-1967) a découvert ce que l’on appelle la restriction calorique : en réduisant l’apport en calories de 30 %, sans réduire l’apport en vitamines, minéraux et éléments essentiels, il est possible d’augmenter la durée de vie des organismes vivants de 30 à 150 %. Le plus intéressant, c’est que la restriction calorique permet d’augmenter la longévité non pas en prolongeant l’état de vieillesse, faible ou malade, plus longtemps, mais bien en préservant les fonctions métaboliques et biologiques dans un état similaire à ceux d’un organisme plus jeune. Ce qui veut dire qu’une personne pourrait vivre plus longtemps tout en gardant son énergie.
Par la suite, au début des années 2000, on a démontré que les processus biologiques du vieillissement sont stimulés par l’apport calorique, mais surtout par l’apport en sucre (sucres raffinés et autres sucres). Voici cinq pistes d’action pour mieux saisir les impacts de l’alimentation sur le vieillissement.
- Réduisez l’apport calorique relié au sucre
Les mécanismes biologiques du vieillissement sont intimement liés à l’apport en sucre. Toutes nos cellules possèdent des détecteurs de sucre qui accélèrent le développement lorsque l’on est jeune et qui accélèrent le vieillissement plus tard dans notre vie. On a souvent la fausse perception que le miel et le sirop d’érable sont de meilleurs sucres, mais ce n’est pas parce que l’on utilise des sucres non raffinés que l’on en fait quelque chose de bon pour la santé. Il faut donc tenter de réduire au maximum tous types de sucres. - Augmentez les molécules d’origines végétales
Il existe des molécules qui agissent sur les mêmes processus que la restriction calorique et qui viennent donc imiter les effets de celle-ci. Nous retrouvons de ces molécules dans les végétaux qui les produisent en faible quantité afin de stimuler les mécanismes naturels de maintenance et de réparation, leur permettant de survivre. Un animal qui consomme cette plante bénéficie lui aussi d’un effet de stimulation de ses mécanismes de maintenance et de réparation. Mais si c’est bon pour la moyenne des ours, pourquoi pas pour l’humain aussi ? Certaines plantes, telles que la valériane et la passiflore, et même le céleri, produisent des molécules capables de retarder les processus de vieillissement ou, du moins, d’augmenter notre résistance contre ceux-ci. Il vaut donc la peine de les intégrer à notre quotidien et ainsi bénéficier de leurs effets - Mangez des grains entiers
En 2016, une vaste étude a démontré l’impact des grains entiers sur la longévité, appuyée par des données provenant de 786 076 participants. Les résultats sont clairs : les gens qui consomment 70 g par jour de grains entiers (une portion = 16 grammes) ont un risque de mortalité réduit de 22 %. Il s’agit d’une réduction de 23 % de la mortalité associée aux maladies cardiovasculaires et de 20 % pour le cancer. - Mettez de la couleur dans votre assiette
Certaines molécules sont importantes pour des facettes de santé précises reliées au vieillissement. Il suffit de penser à la lutéine pour la santé des yeux et du cerveau (le pigment jaune des fruits et légumes, ainsi que des jaunes d’oeuf) ou encore le lycopène pour la prévention du cancer de la prostate (le pigment rouge des tomates et du melon d’eau). De nombreux aliments ont des effets positifs sur notre santé, et on a intérêt à les consommer. Mais ceux-ci ne sont pas un remède en soi pour une meilleure condition de santé, et doivent s’intégrer dans un régime équilibré. - Considérez les polyphénols d’olives et le resvératrol
Il s’agit des deux groupes de molécules les mieux documentés pour leurs impacts sur le vieillissement. Les polyphénols d’olive (huiles d’olive et olives) ont même été qualifiés « d’agents gérosuppresseurs », autrement dit « anti-âge », par un groupe de scientifiques espagnols. Les polyphénols jouent en effet des rôles majeurs dans le ralentissement du vieillissement, dans la réduction de l’inflammation ainsi que dans la prévention et le traitement de toutes les pathologies dégénératives. Le resvératrol, quant à lui, est présent dans le vin rouge (admettez que ça devient soudainement plus intéressant !), mais il se retrouve aussi dans le chocolat noir, dans la pulpe des raisins et en faibles quantités dans la mûre, la rhubarbe, les arachides, certaines baies et la grenade.
On pourrait discuter longtemps de l’effet de l’alimentation sur le vieillissement, mais il est important de retenir que pour vieillir en santé comme les centenaires, il faut considérer l’ensemble des facettes reliées au vieillissement : l’alimentation, bien sûr, mais également l’activité physique, la gestion du stress et la vie sociale. Au bout du compte, assurez-vous donc de rester fondamentalement positif, on doit tous vieillir, n’est-ce pas!