LE must

Dix mythes (à vous rappeler lors de votre prochaine visite à l’épicerie)

Photos: Virginie Gosselin

La plupart d’entre nous font partie de ceux qui consomment des aliments sans les produire. En raison de notre relation intime avec ce que nous mangeons et des impacts que cela peut avoir sur notre santé et sur l’environnement, les gens se préoccupent de plus en plus de ce qu’ils retrouvent dans leur assiette. Voici dix mythes à observer lors de vos prochaines courses de ravitaillement, question d’être mieux informé, une bouchée à la fois!  | Par Julie Filion

1- Bien se nourrir (alimentation saine) coûte cher
Le prix d’un aliment peut devenir un obstacle à se nourrir sainement pour plusieurs personnes. Les familles auront dépensé près de 9420 $ pour se nourrir cette année, selon le Rapport 2017 sur le prix des aliments de l’Université Dalhousie. Or contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est faux de dire que tous les aliments bons pour la santé coûtent cher. Les consommateurs québécois ont la chance d’avoir un des paniers d’épicerie les moins chers au monde, avec une gamme de produits très diversifiés et de grande qualité. Selon les chercheurs de Harvard, une alimentation saine coûte 1,50 $ de plus par jour, par personne, en comparaison avec la malbouffe.

 2- Les agriculteurs sont contraints d’utiliser de vieilles techniques
« Il y a 20 ans, la seule idée d’installer des capteurs numériques sur nos équipements aurait relevé de la science-fiction », explique Gaétan Desroches, chef de la direction à La Coop fédérée. Aujourd’hui, pourtant, il s’agit d’une réalité dans les métiers et les technologies agricoles. Les agriculteurs s’adaptent, modifient leurs pratiques et ont accès à une technologie de plus en plus performante. Aux dires du MAPAQ (ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec), l’innovation est un facteur de croissance dans le secteur agricole, qui évolue et s’adapte sans cesse. Les exploitations agricoles ajustent leurs stratégies de commercialisation en adoptant des pratiques telles que la vente directe et la certification biologique.

 3- L’agriculture urbaine, une simple mode
Multiplication de jardins sur les toits, d’espaces pour les fruits et les légumes sur les balcons et dans les cours, ainsi que des jardins communautaires : voilà une nouvelle réalité qui est là pour de bon. À titre d’information, l’agriculture urbaine est pratiquée par 42 % des ménages montréalais selon un sondage effectué auprès de la population de l’île de Montréal en 2013 et cette statistique augmente chaque année, car cette approche offre beaucoup d’avantages. L’agriculture urbaine découle de la demande grandissante des citoyens pour des aliments produits localement et pour une agriculture de proximité. En plus de créer un embellissement urbain, elle réduit les îlots de chaleur, maintient une certaine biodiversité puis rapproche le producteur du consommateur, l’un des grands défis de l’industrie agricole au Québec. De ce fait, une sensibilisation aux réalités des activités agricoles est faite auprès de la population et permet la découverte des particularités des aliments.

4- La production industrielle est de moindre qualité que la production artisanale
L’industrie démontre qu’il existe des entreprises du domaine alimentaire qui conservent ce côté authentique et proche du produit. À ce titre, on peut penser à la Boulangerie St-Méthode ou à la Laiterie Chalifoux. Ainsi, des entreprises ont fait le pari d’arrimer leur expansion en conservant le côté artisanal  et authentique qui avait fait leur réputation au départ. L’authenticité d’un produit n’est donc pas proportionnelle à la quantité de production et la taille du bâtiment dans lequel il est fabriqué, mais plus liée au respect de son « ingrédience » (l’ensemble des ingrédients) qui le compose et la méthode de production utilisée. Un bon exemple pour illustrer ce propos est le parmesan de Parme, en Italie. Même si ce fromage est produit en grande quantité, la qualité du produit demeure. Ceux qui ont à cœur la matière première demeurent des artisans, peu importe le volume de production.

5- Le Québec n’est pas très avancé en matière de bien-être animal
Longtemps, le Québec a été considéré comme un cancre en ce qui concerne le bien-être animal. C’est maintenant chose du passé. Les organisations réglementaires canadiennes procèdent à un resserrement des pratiques dans ce domaine et plusieurs entreprises dont La Coop fédérée (et notamment sa division Olymel) visent le maintien de leur leadership au pays en cette matière. Au Québec, la Loi sur la protection sanitaire des animaux précise les conditions et les soins de base qui doivent leur être offerts pour assurer leur bien-être et leur sécurité. Il existe également une législation fédérale encadrant les normes relatives au transport des animaux. Le Québec est ainsi passé de l’avant-dernière à la sixième place dans le classement de l’Animal Legal Defense Fund (ALDF) en 2016. Avec ses codes de bonnes pratiques, le pays se compare désormais à ce qui se fait à l’échelle internationale en matière de traitement des animaux.

6- L’agriculture est un métier d’hommes
L’image d’une personne travaillant à la ferme ou dans un domaine lié à l’agriculture est souvent celle d’un homme. Toutefois, au Canada, les femmes sont de plus en plus présentes dans cette industrie. Elles représentent une proportion grandissante des exploitants agricoles, en passant de 27,4 % en 2011 à 28,7 % en 2016. Au total, cela représente près de 78 000 femmes qui se sont déclarées exploitantes agricoles dans le cadre du recensement de l’agriculture de 2016. Depuis maintenant 30 ans, la Fédération des agricultrices du Québec représente un pilier incontournable dans la valorisation des agricultrices en tant qu’entrepreneures et leaders du monde agroalimentaire. La Coop fédérée, présente dans le milieu agricole depuis maintenant plus de 95 ans, souscrit à ces objectifs. Elle favorise la représentation des femmes au sein du réseau et plusieurs initiatives ont été mises en place au cours des dernières années afin de les encourager à s’impliquer davantage.

7- La plupart des fermes au Québec sont familiales
Au Québec, l’agriculture s’est développée comme moyen de subsistance afin de répondre aux besoins des familles nombreuses qui, par ailleurs, fournissaient la main-d’œuvre sur la ferme. Encore aujourd’hui, la famille est le principal moteur de l’agriculture québécoise et près de 95 % des fermes sont familiales. Entre 1963 et 2017, les fermes ont subi plusieurs transformations. En moins d’un demi-siècle, elles sont passées de petites exploitations autosuffisantes à de véritables entreprises. Les agriculteurs doivent désormais acquérir toute une machinerie, et parfois recruter de la main-d’œuvre extérieure, pour continuer à vivre de leurs récoltes ou de leur élevage. Même si de nombreux fermiers dénoncent les coûts parfois élevés liés de la pratique agricole, une partie de la relève maintient des fermes à dimension humaine.

8- Les œufs bruns sont plus nutritifs que les œufs blancs
Il faut tout d’abord savoir que les œufs blancs et les bruns ont la même valeur nutritive et le même goût. La seule différence entre les deux? C’est la couleur de la poule. Les œufs ayant une coquille brune proviennent de poules au plumage brun alors que ceux qui ont une coquille blanche sont issus de poules blanches. Donc, la préférence du brun ou du blanc relève uniquement d’une question de choix personnel. Au Canada, la poule blanche de race Leghorn est très populaire et pond des œufs blancs, alors que la poule Rhode Island pond des œufs bruns.

9- Il n’y a pas de relève en agriculture
Selon le Portrait de la relève agricole au Québec 2011, quelque 8 000 jeunes agriculteurs sont actifs au Québec et les entreprises qui ont une relève représentent 22 % de l’ensemble des entreprises agricoles québécoises. Les exploitants âgés de moins de 35 ans ont représenté une plus grande part du total des exploitants et leur nombre a augmenté pour passer de 24 120 en 2011 à 24 850 en 2016. Selon Statistique Canada, c’est la première augmentation depuis 1991 pour cette catégorie d’exploitants. La politique de souveraineté alimentaire du Québec fait souffler un vent d’optimisme sur les champs du Québec. La bonification de l’aide financière pour la relève agricole ayant séjourné sur les bancs d’école est saluée ainsi que la complexification des activités invitant la nouvelle génération de producteurs agricoles à se spécialiser et à être formée davantage.

10- Le lait de vache est rempli d’hormones et d’antibiotiques
Pour des raisons de santé et de bien-être animal, le Canada interdit l’utilisation et la vente d’hormones de croissance artificielle, notamment la somatotrophine bovine recombinante qui est utilisée pour stimuler la production laitière. Les producteurs laitiers canadiens préfèrent adopter des méthodes qui respectent les animaux, offrant des étables des plus confortables et des soins de santé de qualité. Pour optimiser la production laitière de leurs troupeaux, ils vont plutôt se tourner vers des vaches qui ont une plus grande capacité à produire naturellement du lait en raison de leur génétique.

 

L’agriculture au Québec en bref

Seulement 2 % de la superficie totale du Québec sont consacrés à l’agriculture, comparativement à la France (58 %) et aux États-Unis (45 %).

42 000 Québécois ont fait de l’agriculture leur métier.

29 000 entreprises agricoles sont établies au Québec.

Près de 33 % des produits alimentaires consommés par les Québécois proviennent des fermes du Québec.

55 % des achats alimentaires effectués par le réseau de distribution québécois proviennent de fournisseurs d’ici.

Source : L’Union des producteurs agricoles du Québec

Cet article a été écrit en collaboration avec La Coop fédérée.

  • Santé Canada interdit l’utilisation au Canada de la somatropine mais tolère l’entrée de produits laitiers américains qui en contient (substances laitières modifiées).
    De l’aveuglement !