Les gens ont parfois tendance à faire subir à leur organisme des régimes souvent stricts : on n’a qu’à penser au régime paléo, au régime crudivore ou à un régime de détoxification à base de jus de végétaux. Daniel Crisafi, ND.A, PH.D et directeur de la clinique PH Santé Beauté répond à nos questions sur les changements de régimes.
- POURQUOI CHANGEONS-NOUS SI SOUVENT DE RÉGIME?« Les changements alimentaires étaient monnaie courante dû aux changements de saison puisque la variété alimentaire était, jusqu’à récemment tout le moins, limitée à ce qui était disponible localement. Au Québec, le régime alimentaire pouvait varier de façon appréciable. En hiver, hormis les pommes, les gens consommaient peu de fruits frais et seuls les légumes racines étaient disponibles. De plus, la consommation de grains pouvait aussi varier, ils remplaçaient le blé par le sarrasin ou l’orge lorsque les réserves de ce dernier étaient épuisées. Les gens variaient donc leur régime en fonction des saisons. Selon certains chercheurs, ces modifications alimentaires avaient pour effet de réduire les risques de développer des allergies alimentaires. »
- AUJOURD’HUI, NOUS NE SOMMES PLUS LIMITÉS AUX ALIMENTS DE SAISON, NI AUX ALIMENTS LOCAUX. POURQUOI AVONS-NOUS ALORS TENDANCE À CHANGER NOTRE FAÇON DE NOUS ALIMENTER FRÉQUEMMENT?
« Nous sommes maintenant motivés par la nouveauté et non la nécessité, par l’émotion plutôt que la raison. Le régime de la nécessité a laissé la place au régime à la mode. L’un des coupables est évidement l’accès à l’information et l’autre est l’accès à la variété alimentaire. L’adoption de divers régimes alimentaires à la mode peut, en effet, causer des torts importants à celles et à ceux qui les suivent lorsque cela ne se fait pas sous la supervision d’un professionnel de la santé. » - QUELS SONT LES TORTS LIÉS À CES CHANGEMENTS DRASTIQUES?
« Qu’il s’agisse d’un régime d’exclusion (sans gluten, sans produits laitiers, etc.), d’un régime amaigrissant (régime cétogène ou paléolithique) ou simplement d’un régime tendance (végétalisme ou végétarisme), il y a des désavantages potentiels importants donc la carence. En règle générale, ces régimes comportent l’exclusion ou la négation d’aliments auxquels nous nous sommes habitués. Or, il n’est pas toujours facile de remplacer ceux-ci de façon à combler le manque nutritionnel causé par leur exclusion. On sait très bien ce que l’on veut éviter, mais comment vat-on le remplacer ? » - QUE DEVONS-NOUS FAIRE ALORS?
« N’adoptez pas un régime alimentaire simplement parce qu’il est populaire. Nous sommes à l’ère d’Internet, informez-vous auprès des sites (ou avec des livres) qui en font l’éloge, tout comme ceux qui le critiquent afin de pouvoir prendre une décision objective. Surtout, choisissez des références fiables.Ne changez pas de régime au gré des nouvelles tendances. Si, après avoir bien fait vos recherches, vous adoptez un régime particulier, gardez-le plusieurs mois afin d’en évaluer les bienfaits.Informez-vous auprès d’un professionnel de la santé afin de déterminer si un régime vous est adapté ou non. Si le régime est entrepris pour corriger des problèmes de santé, il devrait l’être avec le soutien d’un professionnel de la santé.Ne faites pas du régime alimentaire que vous adoptez une religion. Cela pourrait vous inciter à prendre des décisions davantage émotives et à fermer les yeux sur les opinions d’experts et les recherches scientifiques.Il y a donc plusieurs questions à se poser avant d’entamer un régime strict et si votre motivation est l’obtention de résultats rapides, il y a fort à parier que c’est votre santé qui en paiera le prix. » Pour vous aider, la nutritionniste Cynthia Marcotte a diffusé sur YouTube des comptes rendus au sujet de plusieurs diètes qu’elle a elle-même testées et analysées d’un point de vue professionnel. La pertinence de sa websérie lui a d’ailleurs valu un prix DUX en janvier dernier, dans la catégorie Communications.