On nous bombarde d’informations quand vient le temps de choisir quoi manger. Toutes les fois qu’on ouvre le réfrigérateur, qu’on voit une publicité, qu’on déambule dans les allées de l’épicerie ou qu’on se retrouve devant un menu au restaurant, nous sommes confrontés à des choix. La plupart d’entre eux sont inconscients, mais ils ont tout de même leur influence. Le consommateur est parfois pris au dépourvu devant une telle offre. Dans ces conditions, comment prendre les meilleures décisions pour bien manger ? | Par Hubert Cormier, nutritionniste
Tous les jours, nous effectuons plus de 200 choix alimentaires, ce qui nécessite une réflexion sur la valeur réelle de ces choix. Certains sont tentants alors que d’autres le sont moins. Certains produits offerts entrent dans notre système de valeurs et d’autres non. Nous avons tous des préférences et des aversions alimentaires.
Cependant, il est plutôt rare qu’un produit n’ait pas de concurrents directs et c’est pertinemment à ce moment qu’il faut savoir faire les bons choix. Imaginons qu’à un moment donné, une seule compagnie soit en mesure de vendre une tablette de chocolat au lait. Cette compagnie possèderait ainsi un monopole et pourrait, à son gré, augmenter les prix, diminuer les portions, changer la liste d’ingrédients pour en altérer la qualité, et ce, sans que le consommateur n’ait son mot à dire.
Les aléas du marché
Or, très peu de secteurs dans le domaine de l’alimentation peuvent se vanter de détenir le monopole sur un produit. Cette situation crée un phénomène de compétition entre les entreprises pour contrôler de plus grandes parts de marché. Ainsi, elles essaieront d’offrir le produit qui saura plaire aux consommateurs en tenant compte de ses besoins, de ses goûts, de ses préférences, mais également en considérant différents facteurs qui échappent aux consommateurs tels que les aléas du marché, le prix des ingrédients, la venue d’un compétiteur ou encore, les avancées technologiques.
N’en demeure pas moins que le consommateur, par son pouvoir d’achat, dictera les tendances futures en matière d’alimentation. Si un courant émerge comme on l’a vu pour le sodium, les gras trans et désormais pour le sucre, les compagnies s’adapteront et offriront des produits qui répondront à ces attentes.
Manger sainement, manger plus ?
Faire de meilleurs choix ne doit pas signifier « manger plus ». Il va de soi qu’en prenant le temps de bien choisir ses produits, en les comparant avec d’autres marques disponibles, et en analysant leur contenu, vous serez de plus en plus conscientisés à l’importance de la saine alimentation. Une étude récemment publiée dans le Journal of the Association for Consumer Research dépeint un portrait peu flatteur des allégations santé apposées sur les emballages des produits.
Selon les chercheurs, plus un aliment est décrit comme étant santé, moins les gens ont la perception d’être rassasiés. Les sujets à l’étude considéraient également les aliments « sains » comme étant plus légers (n.d.l.r. probablement en raison de leur faible densité énergétique) en opposition avec les aliments « malsains », ce qui peut mener à une surconsommation ou à une compensation plus tard dans la journée ou au cours d’un même repas.
Le mot d’ordre est : satisfaction. On devrait être « satisfait » de notre alimentation. C’est bien d’atteindre la satiété, mais si on ne se sent pas satisfait, on comblera notre besoin en plongeant la main dans un sac de maïs soufflé au beurre bien avant de prendre un fruit. Bref, cette étude réitère l’importance d’être bien renseigné sur la nutrition et dresse le portrait d’une société obèse et inapte à faire les bons choix (ou du moins, à les mettre en pratique). Finalement, en effectuant les bons choix, il est possible de se rapprocher des recommandations nutritionnelles en matière de saine alimentation et de bien gérer son poids. Le but ultime, vous l’aurez compris, est de se fier à ses signaux de faim et de satiété et d’apprendre à les reconnaître, d’avoir une parcelle de plaisir et de se sentir satisfait. Toutefois, il peut être compliqué d’y arriver lorsque la société et notre environnement nous poussent constamment à surconsommer. Bien sûr, il est permis de glisser une boîte de biscuits, un sac de croustilles, une pizza congelée ou encore certaines friandises dans son panier d’épicerie une fois de temps en temps, et ce, sans culpabilité.