On le sait, pour répondre aux standards de beauté, plusieurs jeunes filles sont prêtes à beaucoup. Mais ce qui est moins connu, c’est que certaines d’entre elles vont même jusqu’à prendre des amphétamines, des médicaments sous ordonnance. | Par Sophie Lachapelle
« Les amphétamines, dont fait partie par exemple le Ritalin, sont un stimulant du système nerveux central , explique Hélène Gagnon, conseillère scientifique anciennement à l’Institut national de santé publique. Utilisées notamment pour traiter le déficit de l’attention, elles sont connues pour augmenter la concentration et réduire la fatigue. Et, effectivement, elles réduisent considérablement l’appétit. Malheureusement, cela a commencé à se savoir chez les jeunes. »
Pour se les procurer, il semble que les jeunes filles n’ont pas à aller trop loin… « Certains de ces médicaments sont fabriqués par des laboratoires clandestins, explique Hélène Gagnon. D’autres comme le Ritalin sont de vrais médicaments, vendus sous ordonnance mais revendus sur le marché noir. On trouve tout ça dans les cours d’école. »
« Au Québec, un peu plus d’une jeune fille sur dix âgée entre 14 et 18 ans a déjà consommé des amphétamines. »
Le prix des amphétamines sur le marché noir est élevé, soit entre 4 et 5 $ l’unité. N’empêche, pour celles qui peuvent se le permettre, ne serait-ce qu’à court terme, la solution des amphétamines peut apparaître comme une solution miracle. Toutefois, elle peut avoir des conséquences sérieuses. La prise d’amphétamines peut entraîner l’épuisement, augmenter l’irritabilité et l’anxiété, de même qu’affecter la mémoire et la motricité. Dans certains cas extrêmes, elle peut entraîner la mort. Et, sans compter que pour ce qui est du contrôle du poids, elle est d’une efficacité relative. « Les effets sont à court terme, dit Hélène Gagnon. Dès qu’on cesse le médicament, on reprend le poids perdu ! »
Pour le moment, le phénomène semble sous contrôle. On a même dénoté une certaine régression. En 2000, moment où le phénomène est apparu sur les radars de la Santé publique, 7 % des jeunes avaient consommé des amphétamines au cours de l’année précédente. En 2002, cette proportion était de 7,2 %. En 2004, elle atteignait son apogée, soit 10,3 %, pour redescendre, en 2006, à 9,4 %, puis, en 2008 à 7,3 %. « Mais évidemment, 7,3 % c’est encore trop ! », déplore Hélène Gagnon. Notons aussi que la proportion de filles chez les consommateurs est nettement plus élevée.
Inquiet du phénomène, le Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS), a publié un dépliant de sensibilisation sur le sujet. Ce dernier a été distribué à 50 000 exemplaires dans les écoles secondaires, les collèges et universités. Il aborde dans un langage à la fois clair et sobre les impacts des amphétamines. « Il n’est pas question de culpabiliser les jeunes, mais d’exposer les faits», dit Sonia Morin du MSSS. « Ce type de dépliant est très utilisé par les intervenants sur le terrain. Il est vu comme une source de renseignements utiles et favorise le dialogue.»
Quoiqu’il en soit, le Ministère compte garder un œil ouvert sur le phénomène. « Chaque année, nous réévaluons nos priorités sur la base des études sur le terrain, dit Mme Morin. Selon l’évolution, nous réajusterons le tir. »