LE must

5 questions sur le sucre à Catherine Lefebvre

Experte Catherine Lefebvre

La nutritionniste et auteure du livre Sucre, vérités et conséquences, nous donne son avis d’experte en répondant à nos questions sur le sucre.

1)      À quoi correspond une grande concentration de sucre dans une portion?  

« En tenant compte de la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est souhaitable de ne pas consommer plus de 10% de notre énergie totale sous forme de sucres libres. Pour un adulte de taille moyenne, modérément actif, cela équivaut à 50 g de sucres libres ou 12 c. à thé. Les sucres libres incluent tous les sucres ajoutés par le fabricant, le cuisinier et le consommateur, en plus des sucres naturellement présents dans le miel, les sirops d’érable et d’agave, les jus de fruits et les concentrés de jus de fruits. Or, si on consomme un verre (250 ml) de jus d’orange tous les matins, nous commençons la journée en ingérant environ la moitié de l’apport en sucres libres à ne pas dépasser (24 g). C’est beaucoup. Les boissons sucrées sont d’ailleurs les plus grands vecteurs de sucres libres. Liquide, ils s’absorbent aussi d’autant plus rapidement que dans les aliments. »

2)      Sur l’étiquette des valeurs nutritives, les glucides renferment les sucres et les fibres, mais à quoi fait référence le reste des glucides lorsque l’addition des sucres et des fibres ne correspond pas au total?

« L’amidon dans les céréales, les féculents ou les légumineuses, par exemple. »

3)      Quels sont les différents types de sucres? Sont-ils tous égaux?

« Que l’on consomme le sucre sous forme de sucre blanc, brut, de miel ou de sirop d’érable, les molécules de glucose et de fructose présentes ne changent pas de forme ni de fonction dans le corps. Il faut se rappeler que dans toute cette histoire, le problème avec le sucre est qu’il est consommé en très grande quantité et que celui-ci est absorbé plus rapidement que dans les fruits et légumes frais par exemple, ou dans des céréales complètes. Après, il est évident que la majorité du sucre surconsommé provient surtout du sucre blanc et du sirop de glucose-fructose. Les proportions du miel et du sirop d’érable dans le calcul sont très minces comparativement aux sucres principalement ajoutés par l’industrie alimentaire. Mais il ne faut pas penser que le glucose et le fructose dans le miel et le sirop d’érable sont de meilleurs sucres puisqu’ils contiennent des traces de minéraux. S’ils sont plus intéressants pour certains, c’est surtout une question de goût et le fait qu’ils soient produits au Québec. »

Experte Catherine Lefebvre

4)      Quels aliments renferment beaucoup de sucre mais qu’on ne considère généralement pas comme étant sucrés?

« Les condiments comme le ketchup, les sauces et les marinades. »

5)      Pourquoi faut-il se préoccuper du sucre dans notre alimentation?

« Lorsque consommé en trop grande quantité sur une base régulière, le sucre fait partie des facteurs de risque de développer de nombreuses maladies chroniques non transmissibles. Pensons au diabète de type 2, aux maladies cardiovasculaires et à l’obésité. Mais au-delà de tout ça, la surconsommation de sucre, de sel et de gras, les trois ingrédients qui composent la majorité des aliments ultra-transformés, altère les papilles et le goût. Ces aliments-là, sont comme des jeux vidéo. Ils sont si stimulants pour les papilles, que lorsqu’on mange une pomme, c’est plate. Et ça, c’est grave. Les adolescents sont les plus grands consommateurs de boissons sucrées au pays. Ils en consomment en moyenne environ 650 ml par jour, sans compter tous les autres aliments transformés qu’ils mangent tout au long de la journée. C’est toute une génération de goûteur qui s’éloigne dangereusement du vrai goût des aliments. De là l’importance de cuisiner davantage et d’inclure des cours de cuisine dès le plus jeune âge. »