LE must

Le whisky a-t-il un sexe ?

Le cliché persiste : on a souvent l’impression que les femmes vont être naturellement plus attirées vers les boissons alcoolisées plus sucrées alors que les hommes, pencheront davantage vers des spiritueux forts en alcool. Or, il n’en est rien. Le whisky, que plusieurs ont longtemps considéré comme une boisson de « mononcle » gagne en popularité et pas seulement chez les hommes. | Par Charline-Ève Pilon

La boisson nationale de l’Écosse fait dorénavant compétition aux bières de microbrasseries et attirent les amateurs de spiritueux. Seulement au Québec, en 2015, le whisky a connu une  augmentation de 3,6%  atteignant 2,9 millions de litres vendus. Avec le rhum et le gin, le whisky a accaparé 45% des ventes de spiritueux en volume pour l’exercice 2014-2015 de la Société des alcools du Québec. Et aujourd’hui, de plus en plus de femmes participent à ces statistiques. Dorénavant on chiffre à 25% la proportion du marché mondial du whisky bu par des femmes.

C’est une tendance qui connaît surtout une popularité de ce côté-ci de l’Atlantique. Elles le consomment nature, mais aussi en cocktail ou encore allongé avec de l’eau. Elles l’utilisent aussi en cuisine, en petites quantités dans différentes recettes.

Le spiritueux dans l’histoire

Il n’en n’a pas toujours été ainsi. L’histoire de la consommation d’alcool a débuté au temps de la Préhistoire pour véritablement s’ancrer dans nos mœurs pendant l’Antiquité. Comme l’eau n’était pas toujours propre à la consommation, l’homme a rapidement appris à faire de l’alcool et à la distiller, que ce soit pour faire du vin, de la bière ou de l’eau-de-vie. À l’époque, l’alcool était plutôt réservé à l’homme puisqu’il était un acteur important tant aux niveaux culturel, politique et religieux, contrairement à la femme qui restait à la maison pour s’occuper des enfants. Ce temps est révolu et désormais, on s’intéresse beaucoup à leurs rites de consommation.

 Bienvenue aux dames

Chantal Chenard fait partie de ces amatrices de whisky. Membre du Club Whisky Montréal depuis près de trois ans, elle a goûté à ce jour à plus de 500 différents types de whisky. « C’est une passion. J’aimais l’idée de goûter à des bouteilles des fois plus rares, de pouvoir échanger sur le sujet. On peut passer jusqu’à 20 minutes à juste sentir le whisky, à s’extasier avant même d’y avoir goûté!»

Au sein du club, elles sont présentement quatre femmes et une cinquième qui vient de temps à autre sur une quarantaine de personnes. «C’est encore un petit ratio. Mais ce n’est pas une tendance qui est aussi limitée qu’on penserait parce qu’il y a beaucoup de femmes que je connais qui aiment les alcools forts et qui aiment le whisky, entre autres, ajoute-t-elle. »

Les clichés perdurent

Selon elle, certaines marques font un faux pas en essayant de vendre le whisky aux femmes par l’entremise de clichés. « Un produit à saveur de roses est sorti récemment et ça m’a horripilée. Rien à voir avec du whisky. Aimer quelque chose de plus doux ou de plus sucré n’a rien à voir avec le fait d’être un homme ou une femme.  Quand je vais dans un bar et que je demande un whisky sans glace avec le bon nom, je sens la surprise. Il y a encore cette perception. Heureusement, certaines entreprises ont compris que le whisky devait être vendu en tant que produit et non pas juste pour les femmes.»

Il existe sur Facebook plusieurs groupes de femmes à travers le monde qui parlent de leur passion pour le spiritueux, notamment Women & Whiskies. Certaines s’envoient même des bouteilles et font des dégustations à l’aveugle. Mme Chenard fait partie de l’un d’eux et est d’avis qu’ils permettent aux femmes de se faire une place dans ce monde qui a longtemps été réservé aux hommes.

« C’est intéressant, parce que c’est un mouvement et il y a une richesse qui sort de là. Je ne pense pas qu’un groupe de femmes dans le whisky soit nécessaire, mais c’est une façon de se faire une place. Souvent, ce n’est pas que les hommes vont décourager les femmes, mais ils ne vont peut-être pas prendre autant de temps à les inclure. Avec ces groupes, on les aide à faire un saut et leur dire : non c’est correct d’être une femme et d’aimer le whisky. »

 Encyclopédie du Whisky 

Whisky, Scotch, Bourbon et Rye : quelles différences?

Ce qu’on appelle du whisky est un alcool qui est fait à base de céréales et vieilli en fût de chêne. C’est une «bière», sans houblon, qui a été distillée, puis élevée en barriques de chêne de diverses origines. Quant au scotch écossais, c’est de la «bière» distillée à base d’orge maltée séchée au feu de tourbe. Ce sont le malt, la fumée de la tourbe et le temps plus ou moins long en fûts, qui procurent au scotch son profil aromatique. C’est une appellation qui est protégée par une loi de 1988, le Scotch Whisky Act, qui dispose que le scotch doit être distillé et vieilli en Écosse pendant au moins trois ans. Le bourbon est un whisky américain constitué d’au moins 51% de maïs et complété généralement par du seigle ou du blé. Le rye whisky, littéralement whisky de seigle peut désigner le whisky de seigle américain (rye whiskey), ou le whisky canadien.

Pour découvrir le whisky

Whisky Café : Une adresse chic qui offre un choix de plus de 150 scotchs whiskies. 5800, boulevard Saint-Laurent, Montréal. whiskycafe.com

Burgundy Lion : On retrouve plus de 300 single malts et jusqu’à 400 whiskies dont plusieurs rarissimes. 2496, rue Notre-Dame O., Montréal.

burgundylion.com

L’île noire : Ce bar ouvert depuis plus de 25 ans offre environ 225 produits, dont à peu près 170 d’Écosse. 1649, rue Saint-Denis, Montréal. ilenoire.com

Le club Whisky Montréal : Offre aux débutants et aux amateurs avertis l’occasion d’enrichir et de partager leurs connaissances. whiskymontreal.ca

Quand le whisky s’accorde bien

« Le whisky est tellement facile à accorder, raconte Mme Chenard. Tout dépendant s’il est plus sucré et peut être bu en digestif. Ça peut aller avec du chocolat. On a des whiskys qui sont très légers et aromatique qu’on peut servir en début de soirée ou en cocktail. On a aussi des whiskies avec un côté très charnu et gustatif qui peuvent aller avec un bon fromage, pendant le repas. Évidemment, un classique c’est avec le cigare, pour ceux qui aiment ça! »

Avec un scotch qui présente des arômes d’iode qui rappelle la tourbe, le vieux cuir, le bois brûlé, la fumée, il semble qu’une bouchée de saumon fumé et moutarde à l’ancienne sur un bon pain pumpernickel se marie très bien.

Avec un scotch plus fruité présentant des notes de figues séchées, de noix de coco, d’épices douces, de pêche et de sucre brûlé, on propose un camembert coulant avec des noix mélangées ou encore un dessert à base d’abricots ou de courge, (voir en page x), des amandes ou des pêches flambées.

Finalement, la majorité des scotchs se marient bien avec les olives ou les plats qui contiennent des huiles, les fromages forts, les charcuteries, les viandes rouges, les noix, les desserts contenant du caramel et le poisson gras.