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Visite dans les vergers de France

Vergers de France

Les fruits et légumes en provenance de France pourraient être de plus en plus présents sur nos tables dans les années à venir. Quel sera l’impact dans votre panier d’épicerie? Petit survol de la situation. | Par Geneviève Quessy

Ces fruits et légumes frais, dont la demande est toujours en croissance, suppléent nos pénuries saisonnières tout en offrant un éventail de nouvelles variétés à découvrir. Élaborés selon des normes de haute qualité, ils pourraient répondre à un réel besoin des consommateurs de notre côté de l’Atlantique. En 2017, la valeur des fruits et légumes produits au Canada se chiffrait à 2,3 milliards de dollars, tandis que les importations dépassaient les 3,7 milliards de dollars.

 

La pomme, fruit numéro un des français

Vergers de FranceTroisième plus gros producteur européen après la Pologne et l’Italie, la France produit annuellement 1,5 million de tonnes de pommes. La moitié de ces pommes sont destinées au marché français, 31% à l’exportation tandis que le reste (19%) va à la transformation. Bien que la pomme soit fièrement cuisinée au Québec, elle est également un aliment central de la culture culinaire française, qui l’apprête autant dans les plats salés qu’en desserts. C’est le fruit le plus consommé dans l’Hexagone, avec 17 kg par ménage par an en moyenne et jusque dans les années 60, chaque famille possédait son pommier au fond de la cour! Il n’y aurait d’ailleurs pas de pommier en Amérique si nos ancêtres français ne les avaient pas emmenés avec eux.

« La tradition du pommier familial est toujours présente en France » explique Arnaud de Puineuf, responsable Communications et Développement chez Innatis, l’un des plus gros producteurs de pommes français. « Autrefois, chaque famille avait le sien et chaque ferme faisait sa petite production. Ce n’est que depuis l’après-guerre, avec l’arrivée des tracteurs et de la machinerie moderne, qu’on s’est mis à la culture intensive des pommes sur le mode américain, quand l’ensemble de l’agriculture s’est modernisé.»

Même si certaines variétés ancestrales comme les reinettes sont toujours cultivées à petite échelle, ce sont les variétés modernes plus performantes qui sont majoritaires dans les vergers français. Chez nos cousins, c’est la Golden qui est la plus cultivée. Vient ensuite la Gala, la Pink Lady et la Granny Smith. Petit fait inusité, la MacIntosh, qui est la variété la plus cultivée au Québec, est complètement inconnue en France!

Autrefois, chaque famille avait son pommier et chaque ferme faisait sa petite production.

 

 Des normes de production élevées

En 2010, les pomiculteurs français ont créé le label de qualité Vergers écoresponsables. Ce label les oblige à respecter un ensemble de bonnes pratiques arboricoles, comme de limiter l’utilisation des produits phytosanitaires, des produits chimiques utilisés pour soigner ou prévenir les maladies d’organismes végétaux, tout en favorisant le recours aux techniques issues de l’arboriculture biologique et des dernières innovations agronomiques; des normes de qualité équivalentes à celles du Canada, confirme L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).  Neuf ans plus tard, 65% des pommes et 35% des poires françaises sont issues de Vergers écoresponsables.

S’il existe un frein dans le processus d’importation des fruits en provenance d’Europe vers le Canada, il ne se situerait donc pas au niveau de la qualité. « Il y a plus d’insectes ravageurs en Europe qu’ici, car nous sommes privilégiés à cause du climat. Pour certains fruits français comme la pomme ou la prune, nous exigeons donc un certificat phytosanitaire, signé par un inspecteur français, pour garantir qu’il n’y a pas de présence d’insectes ravageurs qui pourraient être transportés au Canada », explique Daniel Burgoyne, gestionnaire national, aliments importés pour l’ACIA.

Vergers de France

Visite au verger

Outre la Golden, une autre variété de pommes très populaire en France est la Honey Crisp, commercialisée là-bas sous le nom de « Honey Crunch. » Son utilisation versatile plait aux consommateurs, tout autant qu’aux transformateurs. Gilles Tessier, des Jardins de la Sylve, près d’Angers, fabrique des confitures et des jus avec les écarts de production de la Honey Crunch. « J’aime travailler cette pomme, car elle est sucrée, mais pas trop. À la cuisson, elle ne fond pas complètement, ce qui laisse des petits morceaux croustillants dans mes confitures. » Pour le chef cuisinier parisien Charles Soussin, spécialiste des fruits et légumes, la Honey Crunch permet de tout faire. « Elle est bonne à croquer, mais excellente en tarte tatin, car les morceaux se tiennent à la cuisson. » Pas difficile de comprendre pourquoi les Français l’adorent!

Pour répondre au problème du fameux ver de pomme, des diffuseurs de phéromones sont placés ça et là dans le verger pour désorienter le mâle, afin qu’il ne trouve plus sa femelle. Cette technique, qui permet d’éviter l’emploi de pesticide, est employée au Québec presque uniquement par les producteurs de pommes biologiques, alors qu’elle est généralisée en France. D’ailleurs, aux yeux des producteurs de pommes français, la certification « biologique » ne semble pas faire une grande différence. « Biologique ou conventionnel, il est presque impossible de voir une différence au niveau de la qualité du fruit livré au consommateur, car les normes européennes que l’on doit respecter sont tellement sévères que les résidus de produits chimiques ne sont pas tolérés sur le fruit » explique le pomiculteur Albert Richard des Vergers d’Anjou, une Coopérative qui produit annuellement 35 000 tonnes de pommes.

 

Une petite place sur nos marchés

Même si les fruits et légumes américains ont la part belle sur nos étals de marché, les produits français s’y taillent une petite place. La question demeure tout de même quant à la place que l’on fait aux produits québécois en épicerie et dans les points de vente d’aliments frais. Sachant que 85 % des pommes importées proviennent des États-Unis, le consommateur a une fois de plus une décision presque politique à prendre lorsqu’il compose son panier d’épicerie. Que mettrez-vous dans le vôtre?