S’il y a bien une tendance dans le domaine des vins, c’est l’arrivée en force des femmes dans ce domaine plutôt réservé aux hommes. Les Jessica Harnois, Élyse Lambert et Véronique Rivest de ce monde font leur place et dynamisent par leur goût et leur finesse d’appréciation un secteur qui en avait bien besoin. Aussi, qu’est-ce qui devrait marquer l’œnologie ces prochaines années ? | Par Patrick Lesort
Dans bien des secteurs d’activité, le phénomène de mode est monnaie courante et le vin n’y échappe pas, mais s’il est une tendance qui restera encore longtemps, c’est bien celle des rosés, qu’on aime déguster bien frais durant les beaux jours. Bien entendu, il y a les accords moléculaires entre les mets et les vins dont nous avons abondamment parlé avec le sommelier François Chartier. Les nouveaux territoires explorés ont de quoi inspirer les gastronomes pour bien des années encore ! Nous ne reviendrons pas non plus sur les vins biologiques ou sur les désormais très bons vins québécois (surtout les blancs et les rosés). Nous vous présentons ici cinq tendances qui risquent de devenir, elles aussi, peu à peu des standards.
Importations privées
Il est toujours agréable de proposer à ses convives des vins originaux que l’on ne trouve pas à la Société des alcools. La solution des agences promotionnelles est une bonne alternative. Les agents sont des professionnels passionnés connaissant les meilleurs viticulteurs. Ils présentent dans leurs catalogues (souvent en ligne) des vins que l’on retrouve à la SAQ mais aussi des vins plus rares, en importation privée, que l’on ne verra jamais en magasin car ils ne correspondent pas aux critères et aux attentes commerciales de la régie. Pour commander ces vins (seulement par caisse de 6 ou 12 unités), il suffit de communiquer avec les agences. Les bouteilles vous seront livrées par la suite à la succursale de la SAQ la plus proche de chez vous où vous payerez directement vos achats. Vous pouvez ainsi partager les frais avec vos amis.
Senteurs d’Afrique
La Coupe du monde de soccer en Afrique du Sud avait fait connaître ce bout du monde. L’arrivée des vins sud-africains au Québec laisse à croire que la viticulture de ce bout du monde est nouvelle, mais rien de cela, elle a plus de 300 ans ! Napoléon lui-même avait l’habitude de consommer des vins liquoreux de Constantia (qui sont toujours aussi délicieux) pour agrémenter son exil sur l’île de Sainte-Hélène ! Donc, rien de neuf, sauf … qu’après avoir été plus ou moins délaissée, la viticulture sud-africaine est en pleine renaissance. Avec des produits typiques de calibre international, on peut parier que nous trouverons peu à peu un échantillonnage plus conséquent de vins sud-africains sur les tablettes de la SAQ. Une particularité qui mérite qu’on s’y attarde, le pinotage est un cépage que l’on ne retrouve qu’en Afrique du Sud. Croisement de pinot noir et de cinsault, il donne des vins souvent charnus aux saveurs épicées.
Prosecco branché
Il est maintenant de mise d’essayer les mousseux de divers pays, une alternative aux champagnes et une occasion de fêter à la moindre occasion pour pas trop cher. Les touristes qui ont visité Venise connaissent bien le prosecco, un mousseux très agréable et rafraîchissant, que l’on boit seul ou en cocktail. Dans les années 40, le Harry’s Bar de Venise offrait déjà à ses clients le fameux Bellini, un cocktail à base de prosecco et de purée de pêches. Désormais à la mode dans les boites de nuits new-yorkaises, les cocktails à base de prosecco ou d’autres mousseux se multiplient. Pour se donner une idée de la fraîcheur de ses cocktails, il faut goûter les classiques Sunrise (prosecco, jus d’orange, grenadine et triple-sec) ou Lemon Pop (mélange de prosecco et de limoncello sucré).
Le vrai Beaujolais
Le Beaujolais est trop souvent associé au fameux Beaujolais nouveau. Malheureusement la profusion de ces cuvées, parfois bien médiocres, a mis à mal la réputation de ce vin. Pourtant, le beaujolais propose bien autre chose ! Faisant partie intégrante de la région vinicole de Bourgogne, on y retrouve des vins de grand calibre. Quant il est vinifié dans la pure tradition bourguignonne, le cépage gamay avec lequel le Beaujolais est élaboré, donne des vins superbes, fins et ronds en bouche. Les dix crus du Beaujolais* se démarquent par leur qualité d’ensemble et leur charme sans égal. Selon le type de vinification, ils sont parfois profonds et charpentés, parfois légers et ronds en bouche. Il est à parier que les habitudes d’achat pour ces vins vont repartir de plus belle. Mais, entre-temps, rien ne vous empêchera de faire un retour à la tradition en fêtant le Beaujolais nouveau le troisième jeudi de novembre !
* Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte-de-Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin-à-Vent, Régnié et Saint-Amour.
Des bouchons en DIAM
Il y a dix ans, les chiffres sont éloquents : 15 % des bouteilles étaient bouchonnées ! Le bouchon de liège a ses défauts et laisse parfois passer quelques mauvaises bactéries qui altèrent le vin. On a bien entendu vu apparaître des alternatives fiables, comme les bouchons de plastiques et particulièrement les capsules à vis. Cependant, ces deux options rebutent encore les amateurs de vin, ici, comme en Europe. Mais voilà que se profile un autre choix, soit le DIAM, un bouchon composé d’aggloméré de liège purifié et traité de matière écologique afin d’éliminer les risques d’altération tout en respectant la fraîcheur et la richesse des saveurs du vin. Avec son aspect et son maniement traditionnel et ses qualités hygiéniques, ce type de bouchon se généralisera sans doute très vite. Face à l’invasion de bouchons à vis, le DIAM permettra aux amateurs de continuer à utiliser encore pour longtemps leur tire-bouchon préféré !