Abandonné pendant plus de 100 ans, le blé du Québec est revenu en force grâce à des gens qui avaient à coeur de lui redonner ses lettres de noblesse.
La détermination du meunier Robert Beauchemin et du boulanger Bernard Fiset, cofondateur de Première Moisson a porté ses fruits, ou plutôt ses grains! Incursion dans l’aventure de l’agriculture raisonnée! | Par Mathilde Condrain-Morel
En 2007, ces deux passionnés fondent les Moulins de Soulanges afin de faire une place au blé québécois. Ils convainquent des agriculteurs locaux de se lancer avec eux dans l’expérience de l’agriculture raisonnée, une manière de cultiver le blé en respectant l’environnement et la terre qui le voit naître. À ce moment, 12 agriculteurs embarquent dans le projet avec eux pour faire du blé du Québec un incontournable de la boulangerie. Aujourd’hui, ils sont plus de 300 qui produiront 45 000 tonnes de farine, soit 30 fois plus qu’au début!
Déguster le blé comme on déguste du vin
Étant cultivé à travers le Québec, le blé développe des saveurs différentes selon le terroir dans lequel il pousse, tout comme le vin. Ainsi, les blés d’automne sont davantage présents dans les régions de Lanaudière et de l’Estrie, tandis que les blés de force, dont la teneur en protéines permet d’améliorer la force boulangère de la pâte à pain, se trouvent plus au nord, là où l’ensoleillement est plus fort lors du solstice d’été. On peut également faire des assemblages de « cépages » et c’est ce que Première Moisson fait pour ses farines exclusives qui sont composées de trois à cinq variétés de blé différentes provenant de toutes les régions du Québec. Les assemblages sont constitués de blé de force, possédant de bonnes propriétés boulangères, de blé de caractère, apportant au pain son goût et ses arômes, et de blé de meunier, qui tolère bien la fermentation.
Du blé vert
Première Moisson prône la proximité et la santé de ses cultures. Ce faisant, elle améliore son empreinte écologique et encourage l’achat local. En pratiquant une agriculture raisonnée, l’entreprise réduit de plusieurs tonnes l’utilisation de pesticides et contribue non seulement à la protection de la santé de la planète, mais de celle de ses consommateurs également. En date d’aujourd’hui, c’est plus de 10 000 hectares de terre cultivés selon des méthodes dites conventionnelles qui ont été convertis à l’agriculture raisonnée, ce qui représente 65 % des terres agricoles vouées à la culture du blé panifiable au Québec, c’est-à-dire avec lequel on peut faire du pain.
Il y a maintenant 10 ans que Première Moisson a pris la décision de cultiver le blé du Québec et on ne peut qu’espérer que cette culture poursuive sa grande propension!