LE must

L’essor des aliments «bioniques»

Œufs aux oméga-3, confitures au thé vert, yogourts aux probiotiques… Les aliments fonctionnels sont de plus en plus présents. Selon Statistique Canada, l’industrie des aliments fonctionnels et des produits de santé naturels représentait plus de 3,7 milliards de ventes en 2007 au Canada, ils ont connu une augmentation de 28 % par rapport à 2004. Paul Paquin, Ph.D. professeur titulaire à l’Institut des nutraceutiques et aliments fonctionnels (INAF), nous aide à faire le tour de la question. | Par Mireille Vega

Qu’est-ce qu’un aliment fonctionnel ?
Ces aliments contiennent un ingrédient bioactif qui est soit présent naturellement dans l’aliment (ex. : calcium présent dans le lait), soit ajouté afin de procurer un bienfait physiologique précis (ex. : calcium ajouté au jus d’orange).

Voici trois équations pour nous aider à mieux comprendre :

Aliment fonctionnel = aliment conventionnel santé + ingrédient fonctionnel (inclus et/ou enrichi)

Ingrédient fonctionnel = nutraceutique

Produits de santé naturels = suppléments = compléments

Les aliments supplémentés procurent-ils réellement les bienfaits avancés ou sont-ils plutôt l’objet d’un marketing habile ? 

Les deux ! Bien entendu, comme pour tout type de produit, il existe une forte pression marketing et cela va parfois au-delà du bénéfice réel. C’est donc difficile pour le consommateur de s’y retrouver.

Par contre, il ne faut pas attribuer tous les torts à la publicité.  Elle a eu son rôle à jouer quant à l’éducation générale de la population sur la nécessité de manger sainement. Par exemple, la majorité des gens savent désormais que la vitamine D et le calcium sont bénéfiques pour prévenir l’ostéoporose. L’évolution des connaissances de la population ainsi que la contribution importante des professionnels de la santé, en autres les nutritionnistes, font également évoluer le marché.

Comment faire pour s’y retrouver ?
Les allégations que peuvent utiliser les transformateurs alimentaires sont régies au niveau de Santé Canada. Les trois principaux types d’allégations concernent les aliments fonctionnels sont les suivants : les allégations nutritionnelles comme par exemple les bienfaits sur la croissance, les allégations de réduction de risques comme la consommation d’antioxydants sur la prévention de certains cancers et les allégations de fonction comme le maintien d’une flore intestinale en santé. Pour qu’une allégation soit approuvée et donc utilisée par une industrie alimentaire dans ses publicités ou sur ses emballages, plusieurs études doivent converger et confirmer le bienfait de l’ingrédient fonctionnel en question.

Quelles sont les catégories de nutraceutiques qui ont connu la plus grande croissance ?
Il y a bien sûr les antioxydants et les oméga-3, les probiotiques sont ceux qui ont connu l’essor le plus marqué au cours de la dernière décennie. On le constate simplement en observant l’étendue du choix des produits laitiers contenant des bactéries actives.

La popularité des ingrédients fonctionnels s’essouffle-t-elle ?
Les aliments fonctionnels sont plus qu’une mode et ce développement est là pour rester, et même s’accentuer avec les nouvelles connaissances scientifiques. Les raisons de consommer des aliments fonctionnels sont multiples. Un consommateur peut simplement désirer adopter de saines habitudes alimentaires, vouloir en retirer un bénéfice pour sa santé, ou encore, soigner une problématique de santé précise. L’évolution des connaissances de la population ainsi que la contribution importante des professionnels de la santé (entre autres les nutritionnistes) font également évoluer le marché.

On voit maintenant pointer des gammes de produits supplémentés qui utilisent, comme point de départ, un aliment déjà santé. Les consommateurs, mieux éduqués, demandent non seulement un aliment sain à la base, mais aussi un aliment qui apporte une fonctionnalité tels la baisse du cholestérol, des bienfaits sur le système immunitaire ou même la prévention de certains cancers ou de maladies cardiovasculaires.

Peut-on savoir ce qui s’en vient ?
Dans les tendances, il y a l’émergence de produits novateurs composés d’ingrédients tels les stérols des plantes ou les b-glucanes provenant de certaines céréales. Les b-glucanes ont un effet sur le système immunitaire et ont par exemple été ajoutés aux jus OasisMD. Quant aux stérols végétaux, Santé Canada a approuvé en mai de cette année l’allégation santé à l’effet qu’ils aident à réduire le cholestérol. Becel a par la suite lancé une margarine contenant ces stérols  végétaux.

On voit par ailleurs émerger des « super » aliments fonctionnels qui combinent plusieurs nutraceutiques (NDLR : par exemple, un jus d’orange pourra être supplémenté en antioxydants, en oméga-3 et en stérols végétaux).  Ce n’est pas fini !

 

Principaux nutraceutiques et leur fonctionnalité

Stérols végétaux                                bienfait sur le cholestérol et le système cardiovasculaire

b-glucanes                                         bienfait sur le système immunitaire

Probiotiques                                       bienfait sur la flore intestinale et le système immunitaire

Antioxydants                                      prévention de certains cancers

Oméga-3                                            réduction de risques de maladies cardiovasculaires

Fibres (ex. : inuline)                           bienfait sur la flore intestinale