Venise, avec sa place Saint-Marc, son pont des Soupirs et ses canaux, fait toujours rêver. La Cité des Doges qui a vu naître Marco Polo, de Casanova et de Vivaldi est un véritable trésor d’architecture, d’histoire et d’ambiance, une destination incontournable pour un voyage italien. Mais, une fois là-bas, il ne faut pas oublier la gastronomie de la région et les superbes vins de la Vénétie. D’autres trésors pour le plaisir et la bonne bouche. | Par Patrick Lesort, sommelier
Plus de 320 appellations contrôlées
L’Italie est le deuxième producteur de vin du monde après la France. Chaque région italienne produit des vins. Le tout est couronné par une multitude de cépages autochtones et internationaux, près de 350 types de raisins autorisés officiellement pour l’élaboration des différents types de vins ! L’Italie, c’est aussi et surtout les lieux magiques que l’on connaît ou que l’on rêve de visiter : Rome, la Sicile, Florence, Milan, Venise… Venise qui est toujours aussi magique et unique… Venise qui se noie peu à peu dans les eaux de l’Adriatique. Venise, c’est aussi la capitale de la région de Vénétie, un véritable joyau touristique. Tout y est recouvert de vignes depuis le temps des Étrusques et, plus tard, des Romains.
Comme toutes les provinces italiennes, la Vénétie possède quantité d’appellations et de cépages typiques. On n’y compte pas moins de 14 DOCG (Dénominations d’origine contrôlée et garantie), 22 DOC (Dénominations d’origine contrôlée) et 14 IGT (Indications géographiques typiques). Soit une cinquantaine d’appellations, sans compter les nombreux vins de table que l’on peut y trouver ! Toutes ces appellations ont bien entendu chacune leurs particularités et demandent, pour la plupart, à être découvertes. Concentrons-nous ici sur trois des principales que l’on retrouve sur les tablettes de la SAQ.
Le prosecco
Depuis Venise, montons à une trentaine de kilomètres au nord, vers la ville de Trévise, connue pour ses ruines romaines et ses remparts du Moyen Âge, mais aussi pour sa salade, la fameuse trévise aux feuilles rouges qui croque sous la dent et qui a sa propre appellation d’origine contrôlée ! Non loin de là, plus au nord, s’étendent une multitude de collines où est cultivé le prosecco, un cépage traditionnel de la région (appelé aussi le glera) avec lequel on réalise de bons vins blancs secs et d’excellents mousseux que l’on trouve facilement au Québec.
Le prosecco de Conegliano di Valdobbiadene est le plus connu et possède sa propre DOCG. Le prosecco, comme on le nomme familièrement en oubliant le nom de l’appellation, est un vin effervescent à la bulle fine de type frizzante. Le cépage prosecco, majoritaire, peut être assemblé avec d’autres cépages tels le verdiso et le pinot blanc, comme dans le Crede de Bisol, que l’on trouve ici en format magnum, un must dans une fête au prix d’une bouteille régulière de champagne! Ce sont des vins festifs sans prétention, délicieux, souvent minéraux et fruités et surtout à la portée de toutes les bourses.
Le Soave
Laissons Trévise et ses remparts pour aller vers l’ouest. Traversons la belle Padoue (Padova) et arrêtons-nous à Vérone, la ville de Roméo et Juliette chère à Shakespeare. Nous sommes ici, et jusqu’au bord du majestueux lac de Garde, en plein cœur de la région vinicole de la Valpolicella et du soave. Vin blanc sec réputé mondialement, le soave (et particulièrement le soave classico), comme son proche et excellent voisin, le gambarella, est élaboré majoritairement avec le cépage garganega, souvent assemblé au trebbiano et poussant sur des collines crayeuses recouvertes fréquemment de brumes venant de la plaine du Pô, plus au sud. Le soave est un vin trop souvent sous-estimé; pourtant de nombreuses maisons produisent de superbes vins que l’on retrouve facilement au Québec.
L’Amarone
Le valpolicella rouge comme le bardolino sont des vins rouges secs très agréables à boire et de belle qualité, mais le roi de la région et l’un des meilleurs vins italiens est le fameux amarone de la Valpolicella, un vin tirant 15 à 16 degrés d’alcool et vinifié d’une façon traditionnelle depuis des siècles. L’amarone est produit à partir des trois cépages rouges typiques de la région : le corvina, le molinara et le rondinella.
Une fois récoltés, les raisins sont placés sur des clayettes sur lesquelles ils sont séchés naturellement dans d’immenses greniers aérés et aménagés pour l’occasion. C’est donc pendant cette période de séchage hivernale que les raisins se concentrent en sucre et en arômes. Une fois passée la vinification habituelle, le vin est ensuite vieilli pendant au moins trois ans en fûts de chêne avant sa mise en bouteille. Ce sont des vins relativement chers, mais qui sont synonymes de repas réussis : repas de fête, côte de bœuf, canard et gibier, rien ne lui fait peur. Il faut en boire une fois pour en devenir amateur par la suite.