Les diabétiques souhaitant mieux contrôler leur glycémie et ceux voulant diminuer leur apport en calories sans pour autant mettre une croix sur les sucreries ont accès à un véritable marché de succédanés. Stevia, acésulfame-potassium, sucralose… Parmi ceux-ci figure l’aspartame, dont on entend autant de bien que de mal… Et surtout, qui soulève encore des interrogations. |Par Charline-Ève Pilon
L’aspartame est l’un des premiers à avoir fait son entrée sur le marché. C’est aussi l’un des additifs les plus consommés dans le monde et les plus montrés du doigt par certaines personnes qui s’inquiètent quant à son innocuité. Serait-il aussi dangereux qu’on veut le laisser croire ?
Fait par l’homme
L’aspartame est un édulcorant de synthèse, c’est-à-dire une substance créée de toutes pièces en laboratoire. Il est le résultat de la liaison de deux acides aminés que l’on retrouve normalement dans les protéines, soit l’acide aspartique et la phénylalanine. Tout comme le sucre blanc, il contient quatre calories par gramme. Et du fait que l’aspartame est environ 200 fois plus sucré que le sucre naturel, on en utilise beaucoup moins. Ainsi, ces calories n’entrent pas dans la balance.
Cet édulcorant artificiel est l’un des plus utilisés par l’industrie agroalimentaire. Il a été découvert en 1965 et mis sur le marché pour la première fois aux États-Unis en 1974. Il est approuvé et utilisé comme additif alimentaire depuis 1981 au Canada dans une foule d’aliments transformés, entre autres dans les boissons gazeuses, les desserts, les gommes à mâcher et certaines céréales. Plus de 90 pays, dont les États-Unis, des pays de l’Union européenne ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande autorisent son utilisation dans divers aliments.
Blanchi par les experts
Depuis plusieurs années, l’aspartame a mauvaise presse. On l’accuse de causer divers problèmes neurologiques et des cancers. Or, aucune étude scientifique clinique n’a démontré de telles affirmations. Du côté de Santé Canada, il est noté que ce produit a été soumis à de rigoureux contrôles au fil du temps. On dit également avoir analysé les résultats de nombreuses études cliniques et qu’aucune ne révèle de manière claire que l’aspartame est nocif pour l’organisme. Même son de cloche du côté de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui insiste désormais pour dire que l’aspartame est « sécuritaire pour la consommation ».
Toutefois, une dose journalière acceptable (DJA) doit être respectée. Les scientifiques de la Direction des aliments de Santé Canada ont fixé à 40 milligrammes/ kilogramme de poids corporel/jour la dose journalière admissible. À titre d’exemple, un adulte de 70 kg (154 livres) pourrait prendre jusqu’à 21 cannettes de boisson gazeuse diète avant de dépasser la DJA de l’aspartame. Par ailleurs, l’une des seules contre-indications concerne les personnes qui sont atteintes de phénylcétonurie, un trouble héréditaire du métabolisme décelé à la naissance.
Le doute persiste
Malgré tout, un flou autour de la question de l’aspartame semble se maintenir. Et le pharmacien et expert en produits de santé naturel Jean-Yves Dionne incite à la prudence. « On soupçonne encore des effets secondaires chez le consommateur, mais la preuve n’étant pas assez solide, on permet encore le produit. »
La controverse entourant l’aspartame concerne notamment les femmes enceintes. Une étude danoise menée en 2010 sur une cohorte de 60 000 femmes a soulevé la question. Parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition, l’étude dite Halldorsson constatait que la consommation quotidienne d’une boisson gazeuse contenant un édulcorant augmentait de 38 % les risques d’accouchements prématurés et de bébés de petit poids à la naissance. M. Dionne prône l’équilibre. « Ce n’est pas une boisson gazeuse diète qui va nous tuer. À petites doses, ça ne cause pas de problèmes. Mais si on en boit deux litres par jour pendant 20 ans, c’est là qu’il y a danger. »
Pourquoi ne pas alterner la consommation d’aspartame avec d’autres types de sucre comme le stevia, qui a le mérite d’être naturel ? Ou encore arrêter ses choix sur des produits sûrs qui proviennent d’ici, comme le sirop d’érable et le miel ? La nature se trompe rarement après tout. Pourquoi ne pas se fier à elle ?