L’espérance de vie humaine a doublé depuis le XIXe siècle, essentiellement grâce à la diminution de la mortalité infantile, aux politiques d’hygiène et de salubrité des aliments, à la lutte contre les infections et à une meilleure prise en charge des maladies, notamment cardiovasculaires. Par conséquent, ce prolongement de la vie n’est aucunement lié à des changements intrinsèques de la biologie humaine. | Par Julie DesGroseilliers, Dt.P.
Vivre centenaire, un rêve?
Au Canada, l’espérance de vie est d’environ 81 ans. Au cours des cinquante dernières années, elle a connu un gain spectaculaire de près de 10 ans. En d’autres termes, notre vie s’est allongée d’environ 5 heures chaque jour! À ce rythme, il est certes légitime de se demander si nous vivrons tous centenaires un jour.
Malheureusement, l’augmentation des maladies chroniques tuent un nombre grandissant d’humains. À elle seule, l’obésité est responsable d’au moins 2,8 millions de morts adultes, chaque année, à travers le monde. Et, comme elle s’attaque de plus en plus aux jeunes, on prédit que la prochaine génération sera la première à vivre moins longtemps que leurs parents.
Selon le docteur Gro Harlem Brundtland, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, « un grand nombre de pathologies évitables (ex. : hypertension, maladies transmises sexuellement) tuent prématurément des millions de personnes et font disparaître des dizaines de millions d’années de vie en bonne santé ».
Parallèlement à ces sombres réalités, les connaissances des processus du vieillissement ne cessent d’évoluer et la recherche fait des progrès fondamentaux, laissant plusieurs scientifiques croire qu’on pourra vivre au-delà de 100 ans dans un avenir rapproché. Encore faut-il préciser que cette fontaine de jouvence est à la portée des gens vivant dans les pays développés. Car malheureusement, il existe une inégalité sociale devant la mort et la santé. L’espérance de vie risque certainement d’augmenter moins rapidement pour les gens du tiers monde et les ouvriers que pour les cadres, les Américains ou les Européens.
Défier le vieillissement : certains le font déjà!
Connaissez-vous Jeanne Calment? C’est la doyenne de l’humanité, décédée en 1997 à l’âge de 122 ans. Cette Française a fumé des cigarettes pendant une centaine d’années et ce, sans jamais développer de cancer du poumon. Est-ce sa dose d’alcool ou sa randonnée en vélo quotidiennes qui l’ont gardée si vive? Que cachait la chimie de son tic-tac biologique? Avait-elle hérité des gènes de la chance?
Dans son livre Au-delà de nos limites biologiques – Les secrets de la longévité, Miroslav Radman, l’un des plus grands généticiens de la planète, partage avec nous ses découvertes et ses projets, dont l’un d’entre eux a l’ambition de prédire, dès le plus jeune âge, de quelle maladie et à peu près à quel âge on va mourir. Intéressant, peut-être. Mais, advenant un verdict peu encourageant, souhaiterions-nous réellement le savoir? Peut-être s’il était possible de le prévenir, mais sinon? Quel casse-tête les compagnies d’assurances nous feraient-elles vivre avec notre carte génétique entre les mains?
Ce grand manitou de la biologie moléculaire a partagé son intérêt pour une « super » bactérie, nommée Deinococcus radiodurans. Peu importe les assauts qu’elle affronte (ex. : radiation, désert sans eau), cette bactérie a la capacité de combattre les dégâts oxydatifs et de réparer indéfiniment son matériel génétique. En d’autres mots, de ressusciter!
Extrêmement robuste, cette bactérie a effectivement acquise ce que bien des gens souhaiteraient : l’immortalité. Voilà une découverte fascinante, qui sème beaucoup d’espoir chez les chercheurs, puisqu’elle laisse entrevoir la possibilité de prolonger la vie en ralentissant, par exemple, le rythme de l’horloge biologique. À quand les capsules de bactéries miracles?
L’alimentation anti-âge
Yogourts avec probiotiques, eaux vitaminées, œufs enrichis d’oméga-3, margarine avec phytostérols… Au cours des dernières années, une nouvelle classe d’aliments a fait son apparition : les alicaments, également appelés aliments fonctionnels, des aliments à qui l’on attribue des vertus bénéfiques pour la santé, voire même curatives.
En attendant que la science fondamentale trouve des applications pour freiner le rythme du vieillissement (ex. : banques de cellules immunitaires, vaccin contre le vieillissement, cure contre le cancer, biscuits enrichis de Deinococcus radiodurans), misons sur de saines habitudes de vie pour ajouter des années à notre vie, et de la vie à nos années! Manger sainement, bouger chaque jour, faire l’amour régulièrement, être optimiste, boire quotidiennement de 1 à 2 verres de vin chaque jour, voilà des stratégies qui semblent toutes efficaces pour contrer le vieillissement. Et, n’oublions pas de manger du chocolat tous les jours… comme l’a fait Mme Jeanne Calment!