Le nombre croissant de livres sur la santé et l’alimentation est paradoxal. D’un côté il démontre un intérêt grandissant pour un mode de vie sain et un désir de prise en charge de soi. Par contre, il soulève de grands questionnements et beaucoup de contradictions. Et si manger était différent pour chacun de nous ? | Par Dr Daniel-J. Crisafi, ND.A, M.H., PH.D.
Pour entrer tout de suite dans le vif du sujet, on vous propose cinq de réflexion sur les raisons de ces apparentes contradictions afin de vous aider à mieux vous retrouver dans ce labyrinthe d’information.
1-LE PRINCIPE DE NON-CONTRADICTION
Cette idée du philosophe Aristote stipule que quelque chose ne peut être vrai et faux, de la même façon et en même temps. Ainsi, il est impossible d’affirmer une chose et son contraire en même temps. Par exemple, on ne peut pas dire à un endroit que le régime protéiné est bon et à un autre qu’il ne l’est pas. À garder en tête lorsqu’on est à la recherche du régime miracle.
2-UN ET UN FONT TOUT
Au point de vue de la biochimie et de la physiologie, nous sommes la somme totale de deux composants : notre bagage génétique et notre mode de vie. En effet, notre mode de vie peut soit bonifier, soit affaiblir notre capacité génétique. Par exemple, génétiquement, quelqu’un peut naître avec des poumons robustes, mais s’il s’adonne à des habitudes nocives (tabagisme) ou est affecté par divers agresseurs (amiante), cette capacité sera d’autant réduite que l’agresseur est concentré et fréquent.
3-UN TEMPS POUR MANGER
L’alimentation peut (et devrait) différer en fonction des saisons, soit selon les besoins de l’organisme, soit selon la qualité saisonnière. En effet, un climat plus chaud requiert moins de calories concentrées qu’un climat froid. L’on consommera plus de sucres simples (fruits) dans un climat chaud et plus de glucides (grains et légumes racines) dans un climat plus froid. En effet, les aliments trop lourds à digérer nous privent d’énergie, c’est pourquoi il vaut mieux manger léger quand il fait chaud.
4-INDIVIDUEL ET UNIQUE
Roger Williams, lauréat du prix Nobel, avait souligné aussi tôt qu’en 1955 que nous avons tous une individualité biochimique qui doit être prise en considération lorsque nous établissons nos besoins nutritionnels. En effet, ceux-ci ne sont pas tous les mêmes et le régime (et la prise de suppléments) devrait refléter ces différences. Cette individualité est la somme de l’interaction entre notre génétique et nos facteurs biochimiques et physiologiques acquis, soit notre mode de vie et notre mode alimentaire.
5-NOTRE GÉNÉTIQUE ANCESTRALE
Finalement, il y a un facteur souvent négligé lorsqu’il est question d’alimentation : celui de l’individualité génétique ancestrale. En effet, nos ancêtres ont tous eu à composer avec un régime particulier en fonction de la région géographique dans laquelle ils ont vécu. Or, l’impact de la consommation de certains aliments et l’exclusion de certains autres pendant des centaines d’années, voire des millénaires, aura inévitablement un effet, entre autres, sur la capacité digestive. Voici deux exemples:
- Les Asiatiques ont une très grande capacité à métaboliser ou à transformer le glutamate monosodique ou GMS (MSG). Par contre, les personnes d’origine européenne ont généralement plus de difficulté à le métaboliser. Alors, lorsqu’on consomme le même GMS, on souffre de symptômes que l’on nomme parfois « syndrome du restaurant chinois ».
- Certains Africains n’ont pas consommé de produits laitiers dans leur régime alimentaire ancestral. Puisqu’ils en n’ont jamais consommés, le corps n’a pas maintenu la production d’un enzyme qui aide à digérer le sucre du lait, ou lactose. Ces individus ont donc une déficience dans la production de l’enzyme lactose, celle qui aide à digérer le lactose, et donc, par le fait même, ils ont de la difficulté avec le lactose des produits laitiers.
Il est donc important de prendre en considération cette génétique alimentaire lorsque nous choisissons un régime santé. Croyez-vous toujours qu’un seul et même régime peut convenir à tout le monde?